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APPRENDRE AUTREMENT

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APPRENDRE AUTREMENT est le blog dédié aux approches innovantes de la formation dans les organisations


Faire grandir la recherche pour innover dans l'action publique territoriale

Publié par CRISTOL DENIS sur 22 Décembre 2019, 09:35am

Catégories : #recherche, #innovation, #apprenance, #fonction publique, #cnfpt, #fing

Le CNFPT organise en intelligence collective depuis 4 ans une université de l’innovation publique territoriale. Celle-ci est basée sur des projets concrets, des irritants ou simplement des envies d’améliorer le service public nommés « Défis territoriaux ». Le passage de 120 participant lors de la 1ere édition à 2100 lors de la quatrième édition en 2019 a attisé la curiosité des organisateurs. Pourquoi un tel engouement ? Qu’est ce qui se passe quand l’université est co-organisée par les participants eux-mêmes plutôt que seulement par une équipe spécialisée ? Quels sont les effets observables dans les dynamiques d’innovation publique ? Ce sont quelques-unes des questions qui se sont posées et auxquels des chercheurs ont été progressivement associés.

Dès le démarrage, l’idée d’observer l’innovation publique en train de se faire était présente. Un chercheur, Boris Chevrot était présent dès le début pour comprendre ce qui se passait quand des cadres territoriaux accélèrent leur projet grâce aux méthodes de codesign. Ce premier chercheur doctorant sociologue pu pour son propre territoire se saisir d’une compréhension plus fine de ce qui crée l’engagement de collectifs. Il continue sur ses bases à intégrer les découvertes réalisées dans l’animation et le développement du territoire, ou il a fini sa thèse. Il est actuellement employé sur ce territoire et poursuit le maillage recherche-innovation-développement.

Lors de la deuxième université pour aller plus loin, l’idée était d’associer des chercheurs de plusieurs disciplines, (philosophie, sciences politiques, sciences de l’éducation, sociologie, anthropologie). L’ambition était de les préparer à une posture d’aide des groupes en train de travailler sur des défis. Ils avaient pour mission de leur apporter un surplus de réflexivité. Ils devaient poser des questions et le cas échéant faire des apports. Le résultat fut mitigé. Plusieurs chercheurs furent rejetés par les groupes trop occupés à résoudre des problèmes pratiques. L’un des chercheurs excédés décidait même de quitter le défi qu’il avait pourtant choisi. Le retour à froid montrait des succès quand des chercheurs avaient réussi à questionner sans imposer de résultats ou d’hypothèses plaquées. Pour les autres c’était un échec.

A l’occasion de la troisième université, l’idée a alors été de mettre plus de distance et de placer la focale de la recherche sur le processus global de l’université. Comment un rassemblement humain et une émulation forte entre acteurs de l’innovation contribuent à créer des environnements capables de créativité et d’action. Cette édition de l’université était marquée par un déploiement simultané sur 6 lieux. Les chercheurs volontaires furent répartis sur les sites avec une mission d’observer comment l’apprenance collective contribuait à l’innovation publique territoriale. L’impact de la recherche au cœur même des défis territoriaux était mis de côté mais les apports furent très riches sur la compréhension des effets invisibles qui opèrent en dehors des mesures de gestion traditionnelles tels que la création de réseau d’entraide, le travail interdisciplinaire autour des défis, l’impact des rencontres autour d’objet de travail entre agents de niveaux hiérarchiques différents (de l’employé au directeur général), l’envie des participants d’engager des collègues à leur retour d’université (l’effet a été nommé « expérience irréversible de coopération créative »), la capitalisation et la circulation de méthodes, d’idées, de projets et de motivations.

La quatrième université a marqué un tournant dans la consolidation du rôle de la recherche. Cette édition était organisée sur 13 sites simultanément. L’envie d’en savoir plus grandissait toujours car l’université produisait entre chaque édition comme un sillon avec une amplification et une démultiplication d’initiative coopérative sur les territoires. Quel est l’effet d’un essaimage ? Comment cela se produit-il ? Qu’observe-t-on finement sur les sites et dans les défis qui indique qu’une amplification peut se produire ? Pour répondre à ces questions, sur une inspiration de la FING un premier temps de travail a réuni une trentaine de chercheurs et de praticiens. L’enjeu était de comprendre le sens des 150 défis territoriaux, objets du travail concret de l’université. Ce travail nommé « connecteur recherche » a donné lieu à un classement en 4 grandes catégories d’enjeux. Puis lors de la rencontre, les discussions ont permis de produire des questions vives de recherche et d’identifier des concepts clés mailler avec des questions pratiques. Dans un deuxième temps des participants ont accepté de se former à l’observation ethnologique pour aspirer sur chaque site l’esprit, l’ambiance, le climat particulier qui produisait une telle énergie dans la production de motivation collective, de prototype et de plans d’action. Le « chercheur collectif » ainsi formé devait recouper une variété d’observations captées sur le vif. Les livrables recherche de cette université prirent la forme de carnets d’enjeux et de concepts, mais également d’article de recherche décrivant le lien entre apprenance et innovation. Pour finir un documentaire d’observation sociologique a suivi du début à la fin la réalisation d’un défi territorial et donnera à voir au sein d’une équipe les étapes par lesquelles un collectif passe incluant le cadrage de la question initiale, l’immersion sur le terrain auprès d’usager, la phase d’idéation, celle de prototypage et in fine son test en grandeur réelle.

Cette dynamique de la recherche maillée à cette pédagogie des défis territoriaux est un vrai plus pour agir en proximité et avec des outils conceptuels. Elle accueille tous les chercheurs passionnés d’innovation, par exemple ont été invités une variété d’équipes de chercheurs ou 1000 doctorants pour les territoires, désireux dans l’action de forger des questions au plus proche des besoins des agents territoriaux et de la population. Il reste encore à évaluer les impacts et les effets plus finement. Peut-être cela sera-t-il le défi de la 5eme édition de l’université de l’innovation publique territoriale ?

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