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APPRENDRE AUTREMENT

APPRENDRE AUTREMENT

APPRENDRE AUTREMENT est le blog dédié aux approches innovantes de la formation dans les organisations


Prendre et donner à l'ère numérique

Publié par CRISTOL DENIS sur 11 Janvier 14, 07:01am

Catégories : #Apprendre, #Internet

Depuis des années le MAUSS (Mouvement Anti Utilitaire en Sciences Sociales) s’efforce de développer une vision anthropologique, sociale, économique et politique de l’humain. L’anti-utilitarisme apparaît comme point de ralliement au carrefour de rencontres pour une multitude de chercheurs de différentes disciplines. Il n’est guère aisé de donner un contour à cet anti-utilitarisme . Tout au plus peut-on le comprendre comme une forme de méfiance à l’idée que l’homme serait réduit à être seulement déterminé par ses besoins matériels. Au contraire, l’homme serait défini par plusieurs registres de subjectivité. Selon Caillé (2014), il serait un individu et aurait des obligations envers lui-même, de se tenir, d’exister, d’êtrea ttentif à soi-même. Il serait aussi une personne insérée dans des relations sociales. En cela il mutualiserait des créances. Il s’inscrirait dans l’intersubjectivité. En tant que citoyen croyant dans une communauté, il participerait de la loi et des symboles communs qui instituent le vivre ensemble. Enfin, en tant qu’humain, il serait membre de l’humanité toute entière au-delà de toutes différences. Mais ces registres de l’intersubjectivité sont désormais le jeu du filtre numérique qui vient s’interposer, déformer et amplifier nos rapports à soi aux autres et au monde. Comment peut-on lire aujourd’hui les deux chaines constituantes de l’être ensemble ?

  • Demander-donner-recevoir-rendre
  • Ignorer-prendre-refuser-garder

Examinons ces deux chaines relationnelles à l’ère du numérique et voyons en quoi les socialitésqui en découlent s’en trouvent modifiées ?

Demander-donner –recevoir rendre à l’ère numérique

Cette première chaine est affectée par plusieurs caractéristiques propres.

L’anonymat change de statut

Si dans le système social d’échange total faisant de chacun un obligé des autres par une multiplicité de liens et d’échanges distants et méconnus, le numérique autorise de nouveaux jeux. Tout d’abord un jeu de dévoilement et de mise en regard exacerbé sur des actions souterraines qui contribuent à la société . C’est l’exemple de tosu les blogs qui rendent visibles des tâches invisibles, des métiers méconnus (parfois méprisés), des personnes qui n’ont traidtionnellement aucune voie d’existence publique, aucune médiatisation et dont la contribution au bien commun reste invisible et donc sans reconnaissance. Internet par son pouvoir de médiatisation contribue à valoriser les actes de la caissière, de la mère de famille, du travailleur oublié de la scène publique. Internet rend plus visible la chaine demander-donner-recevoir-rendre et montre ce qui n’était pas montré. Ensuite l’anonymat est utilisé pour exprimer des avis non régulé par des médiateurs ou des intermédiaires. L’anonymat sur des forums permet une expression libérée, parfois débridée et malséante. L’anonymat renforce l parité d’estime, chacun a le doit à sa part d’audience.

Les agrégats de la longue traine

Internet permet des formes de mutualisation et de syndication renouvellées qui agrandissent le pouvoir de chacun de participer et de donner chacun à sa mesur. La recherche collaborative, le commerce de niche permettent de dans le premier cas d’associer et d’accumuler les observations d’une multiplicité de scinetifiques ou d’amateurs, et dans le deuxième cas de sortir du paradigme de l’économie d’échelle et de la production de masse et de s’ouvrir à des productions singulières ou le don trouve preneur. C’est la paradigme de la longue traine qui facilite les pariements de singularité et autorise l’expression de différences, le rapprochement de correspondances.

L’accélération des dons et contredons

La théorie de MAUSS stipule un système d’échange social total où ce qui est donné à un endroit à un moment fait l’objet de façon asynchrone d’un contre don dans un autre endroit. Si chacun est redevable de ce qu’il reçoit, il donne ailleurs en retour et à d’autres ce qu’il a reçu. La trame ainsi conçue lie les individu les uns avec les autres et institue des usages sociaux et de la confiance. Cette confiance qui fait que vous pouvez quitter la table d’un restaurant un instant sans qu’un inconnu ne s’installe à votre place et ne finisse votre assiette. « cela ne se fait pas ». Avec internet , il est possible de bénéficier d’un accélarateur de don-contre-don. Cette accélération est d’autant plus facilité que ce qui se donne sur internet ne démunie pas celui qui donne. Bien au contraire, les dons sur internet enrichissent celui qui reçoit et gratifie celui qui donne. Le don immatériel serait infini à concurrence du temps pris pour choisir ce que l’on donne et comment l’on donne.

Cet accélérateur est aussi un accélérateur de masse compte tenu de la possibilité de démultiplier le nombre de bénéficiaires. La lilite se déporte alors du don à l’attention portée à la chose donnée.

L’attention au don

Si la matérialisation d’un don se caractérise par un objet, sur internet, l’immatérialité déporte la question sur le moment du don et son adéquation aux besoins ou attentes du bénéficiaires. Y a-t-il don quand je ne désire pas ce que l’on me donne ? Pour qu’il y ait don faut-il l’assentiment de celui qui reçoit ? Celui qui reçoit doit accepter le don comme tel. Plus encore, puisque le volume de dons possibles et le nombre de bénéficiaires augmentent de façon exponetielle, cette économie du don n’est elle pas en train de se déporter du don à l’attention portée au don. Ce qui devient important, c’est le contexte du don, sa pertinence, son coût réel pour le donateur. Le risque serait ici qu’ l’un est le sentiment de donner pendant que l’autre se sente envahit ou considère l’intention de l’autre comme un spam.

Le sentiment de connexion continue

Le don est souvent appréhendé comme un événement singulier dans une logique de présent avec une forme d’accusé de réception du don et la naissance cosnciente ou inconsciente d’être redevable. Mais que se passe t-il quand le flux des échanges devient continue ? que la connexion est permanente ? qu’il y a une exacerbation des va et vient, entre les individus connus ou anonymes ? N’ y a-t-il pas brouillage de la chose donnée, de son origine et de l’intention initiale ? Des relais s’organisent sur des sites de veille partagé, des contributeurs se regroupent sur des réseaux sociaux, ou des encyclopédies en ligne. Cette connexion continue encourage l’expression de demandes à un autre même inconnu. Cette possibilité abonde les relations sociales d’une nouvelle forme d’échange et alimente le premier maillon de la chaine demander-donner-recevoir-rendre. La connexion continue et la possibilité de demander (de l’aide, une information, un service) engage le cycle du don.

Les ressources sémantiques

Le monde des échanges sociaux se caractérise par la facilité linguistique de ceux qui s’expriment. Celui qui sait mieux parler et exposer ses idées celui qui parvient à mieux exposer son point de vue selon les codes culturels en vigueur domine les échanges et les assemblées. Il capter alors le pouvoir de donner (des idées, des projets, des visions, des nuances)à son profit. Il réduit celui qui ne sait le payer en retour de mots à recevoir. Ce récepteur ne s’habilite pas ou n’est pas habilité à s’exprimer car son mode d’expression est dévalorisé. Il ne participe pas d’un parti d’un parlement ou de la direction d’une association car son pouvoir d’expression est insuffisant pour exercer un pouvoir tout court. Il est bon à recevoir une prébende, un conseil, une orientation, du sens, une indemnité, mais de lui on ne saurait rien recevoir. Mais avec internet, les ressources sémantiques sont quelques peu libérées :

  • Moteur de recherche
  • Traducteur de langue
  • Encyclopédie gratuite
  • Réseaux sociaux
  • Social bookmarking

sont autant de ressources pour construire ses propres idées. Non content de proposer un environnement favorable à l’autoformation pour les ressources et les groupes humains accessibles, internet assure une fonction de médiation horizontale plutôt que verticale. Encore faut-il en maitriser les usages et apprendre à s’émanciper. De la même façon que les bienfaits d’une bibliothèque ne s’exercent que si on la fréquente. Internet devra se rendre accessible.

La deuxième chaine ignorer-prendre-refuser-garder est aussi observable dans le monde numérique

Le tri sélectif

Ignorer la requête de l’autre n’a jamais été aussi aisé. Pourquoi répondre à tel ou tel à son message électronique quand celui-ci se noie dans la masse (4000 messages par an et par personne) ? Pourquoi ne pas recréer en ligne son monde habituel ? Internet s’il offre une perspective d’ouverture offre aussi un espace d’entre soi. Il est facile de se composer des liens à son image et d’ignorer celui qui ne nous ressemble pas. Sinon comment comprendre le succès de toutes ces agences matrimoniales qui se donnent pour objet de créer des couples et segmentent leurs clientèles en fonction de critères différenciant ? chacun peut avoir la tentation de frayer avec son semblable et ignorer les différences. De la même façon les réseaux sociaux offrent l’illusion de choisir ses amis et de s’aparier comme bon nou semble. Cette sélectivité nous fait dzvier de la rencontre et de l’élection dans l’instant, sans protocole par fréquentation immédiate.

La propriété intellectuelle mute

Avec la profusion de données mises en ligne, c’est toute la traçabilité d’une information qui est mise en question. Qui est à l’origine d’une idée ? quels rôles jouent les passeurs ? Il devient aisé de porendre, de se servir, de s’approprier des données. D’une part chaque trace laissée peut s’enrichir d’un commentaire, d’un ajout d’un complément qui fonctionne à la façon des phéromones des fourmis et donnent de l’importance à des cheminements, favorisant des détournements, de l’enrichissement, un supplément de nouveauté. D’autre part, il est aisé de s’approprier des idées sans citer ses sourcessans rendre compte d’une filiation ou de l’inscription dans un champ disciplinaire. Dans le même instant, des logiciels cherchent à repérer des plagiats et des normes creative commons se mettent en place.

Ce que le papier matérialisait comme un état stable de la cvonnaissance, la déùmatérialisatino le réduit en confettis. Les fragments sont rassemblés grace à de puissants algoritmes de calcul. De façon dysimétrique, de grandes organisatiuons connaissent tout de chacun, pendant qu’elles dissimulent leurs bénéfices. La propriété intellectuelle est captée à des fins commerciales dans une visée de plagiat ou au contraire offerte sciemment au plus grand nombre en vue d’enrichissement du collectif.

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