Le guide de questions ci-après regroupe un ensemble de questions construit selon la technique de l’entonnoir et accompagné de thèmes de relance pour assurer la continuité de la discussion. Il m'a été adressé par un groupe d'étudiants. Voici les réponses que je leur ai apportées
1. Qu'est ce que le teambuilding d'après vous ? Comment le définiriez-vous ? Qu'est-ce que cela comprend ? Quel est son périmètre ? Quels sont les critères d’identification d’une activité de teambuilding ?
Le team building est la façon d’unir des équipiers pour qu’ils partagent une même envie professionnelle. Il va au-delà d’un ajustement des rôles et fonctions. Il participe à l’accord émotionnel de chaque membre et à la prise en considération de chaque nuance dans une collectif. Il vise à partager du leadership et non à l’imposer. Il prend différentes formes selon la maturité de l’équipe on parle de team design, team building et team development selon le moment de vie de l’équipe. Une activité de team building offre l’opportunité d’une plus grande inter connaissance mutuelle. Elle doit répondre aux critères d’acceptation de l’équipe et pas seulement du responsable ou d’un service RH.
2. Comment se porte, selon-vous, le marché des MICE aujourd’hui ? Croissance attendue dans les années à venir ? Secteur porteur ?
La formation n’est pas un marché comme les autres. Il n’y a pas d’acteur dominant capable d’imposer une vision. C’est une idée nuisible et choquante de penser la formation comme un marché, car cela conduit à bâtir des produits ou des processus comme des objets à vendre. C’est aussi en pensant de la sorte que l’on a collectivement détruit l’idéal pédagogique. La formation est avant tout émancipation des personnes et construction de rapports à soi, aux autres et au monde. Dans cette perspective une approche valable pour du team building est celle du consultant qui se positionne non en vendeur mais en facilitateur d’un contexte organisationnel et qui bâtit sur mesure une réponse avec l’organisation. Il utilise alors ce qu’il est ses propres expériences comme levier et moyen au service des autres. S’il se prend à concevoir un produit de lui-même alors il instaure des liens dénaturés avec les autres. Autrement dit, la posture à construire est longue et dépend moins d’une technique et d’un outil que d’une intention.
3. Quelles sont les tendances/modes aujourd’hui/pour les années à venir ? Saisons ? Cycles ?
Les tendances sont nombreuses, la mindfulness, la ludopédagogie, le design thinking sont à la mode. Mais encore une fois ce qui fait la différence entre un désert et une oasis ce n’est pas la forme de l’arrosoir c’est l’homme qui apprend à épargner l’eau. Il y a peu de véritables innovations de ruptures mais des reprises d’idées anciennes auxquelles on accole un nom anglo-saxon car il y a une fascination sur ce qui parait efficace, mais qui bien souvent a été pensé ailleurs avec une infinité de variété.
4. Et à l'étranger ? Reprendre les modes et tendances 'hier, aujourd'hui, demain' à l'international. Existe t il des best practices ? Des courants forts qui se développent en dehors de nos frontières ?
La création et le développement d’équipe est un acte culturel et social. Les cultures de métiers, personnelles, nationales, les contingences historiques, les routines des organisations induisent les pratiques acceptables selon les contextes. Il n’y a donc pas de bonnes pratiques qui font mouche à tous les coups, il s’agit de comprendre où l’on se situe.
5. Quels sont selon vous, en France (ou avec une action sur le marché français) les acteurs les plus puissants de ce secteur ? Pensez vous que ce marché est saturé ? Y entrer est il possible ?
Le terme de puissance va à l’encontre de la philosophie dans laquelle je me situe. Il n’y a pas de guerre et pas d’affrontement, il y a surtout des rencontres sincères. Le « marché » est une voie pour fonctionner ensemble, mais suivre cette voie conduit immanquablement à se comparer. Vous n’avez pas à vous comparer quand vous faite œuvre de formation, mais à construire une posture axiologique, à dépolluer les croyances d’un monde en lutte, et à creuser à l’intérieur de vous-même pourquoi ce que vous proposez apporte quelque chose aux autres. Le premier regard est à porter sur soi qu’est-ce que j‘apporte de plus aux autres ? Suis-je capable d'écouter ou ai-je envie de leur vendre quelque chose ? La posture est essentielle elle dépasse même l’offre.
6. Quels facteurs sont à l’origine de la réussite de ces acteurs ?
La singularité de leur offre et les qualités humaines qu’un intervenant sait déployer fait toute la différence, sa connaissance fine d’un univers professionnel, d’un métier, d’un secteur, lui permet de comprendre des implicites et d’adopter le juste ton.
7. Connaissez-vous de plus petits acteurs à forts potentiels ? Quelles sont leur perspective de croissance aujourd'hui ? De quels avantages bénéficient-ils ? Pourquoi sont-ils si dangereux?
J’imagine que vous évoquez le potentiel économique. Et encore une fois, baissez les armes. Le monde n’est pas dangereux, il est à explorer et à découvrir. Le potentiel est pour moi à traduire en potentiel d’intuition, de courage et d’amour il faut suivre son cœur, aller où on imagine qu’on va apporter quelque chose de neuf et de vivant. Le potentiel est un potentiel de vie. Chaque seconde doit être consacrée à vivre pleinement. La vraie valeur est faite d’énergie, de passion, et de don aux autres. Le reste est une illusion qui ne remplit pas une vie.
8. Existe il des alliances ou partenariats stratégiques entre certains de ces acteurs, France et/ ou étrangers ?
De nombreux cabinets essayent de se lier pour offrir des « solutions » un coup sur la méthode des couleurs, une autre fois à partir d’un test. Rien de tout cela ne prend vraiment et ne fait système car l’humain est d’une grande variabilité et les approches outils sont destructrices pour la société. Elles limitent la capacité de lien social, par un effet de formatage et d’esprit de marché. Il existe aussi des « associations inspirantes » auprès desquelles se ressourcer car elles portent des valeurs éloignées du seul profit SOL France ou la SCOP l’Orage sont des associations militantes au sein desquelles des individus essayent de construire un monde qui ne soit pas obnubilé par le « marché ». L’intention est perçue par les clients qui apprécient cet libre pensée.
9. Quels sont les principaux clients des différences entreprises que nous venons d'évoquer ? Quelles est la nature des participants ? Cadres ? Employés ? Quel est le nombre de participants par séminaire ? Pensez-vous que les grandes entreprises dans les domaines Banque, Assurance, TIC et consulting représentent un marché porteur pour les années à venir ?
Les participants à ce type de formation restent majoritairement des cadres. Il est important de respecter leur envie d’y aller ou non. Imposer un team building peut s’avérer une violence sociale et un formatage. Le nombre de participants dépend de la maitrise technique des animateurs, il peut aller de quelques-uns à plusieurs centaines dans des approches forum ouvert. Les grandes institutions banque assurance cabinet de consulting sont friandes de team-building mais elles cherchent à contrôler dans le détail ce qui se produit, loin de l’état d’esprit que je vous décrit.
10. Il est dit que 76% de ces entreprises clientes (Etude Coach Omnium) ne font pas appel à des prestataires pour l'organisation de ces évènements, est-ce vrai ? Pourquoi ? Quels avantages ont-ils à garder ça en interne ? Quels sont d'après vous leurs freins à sous traiter?
Lorsqu’il s’agit de construire sa culture d’entreprise, mieux vaut que cela soit fait par les acteurs eux-mêmes et non par des partenaires externes. Le plus important c’est de concevoir ensemble et non de suivre un séminaire bâti par d’autre. Il sera peut-être imparfait mais il apportera plus car en le concevant ensemble les équipes auront appris. La sous-traitance ne peut concerner que l’appui logistique ou l’aide dans les méthodes pédagogiques.
11. Parmi les 24% restant qui, eux, ont tendance à sous traiter, effectuent-ils une rotation dans le choix de leurs prestataires ou sont-ils en général assez fidèles ? Pourquoi, comment expliquez-vous cela ? Quelles en sont les raisons ?
Il y a de la fidélité car connaître le contexte de l’entreprise fait gagner du temps.
12. Quels sont les types de séminaire les plus vendus aujourd’hui ? Sur mesure ? Pack ? Hier ? Demain ? Pourquoi ?
Le sur mesure est essentiel le pack n’a pas de sens. Toutes les organisations sont différentes.
13. Que pensez-vous de la place qu'occupent les stages de créativité dans le secteur des MICE ?
Je ne sais pas ce que veut dire MICE
14. La composante artistique est elle appréciée des entreprises ? Si oui :
En matière d’ateliers créatifs, quels sont les préférences des entreprises ?
Pouvez-vous me donner 3 exemples d’activités dans ce domaine ?
Quelles sont les nouveautés ?
Si non :
Quels autres moyens pour développer la créativité ?
Pour quelles raisons ?
La composante artistique en entreprise est souvent vue comme une prise de risque par les entreprises. Mais cela dépend de l’intention portée et du discours du consultant sur le sujet. Il n’y a pas de nouveauté, il n’y a que des reprises de ce que l’humanité réinvente et nuance en permanence. Chassez les tendances vous conduira à être acheté et jeté comme une paire de basket, mieux vaut travailler sur le fond, sur vos ancrages dans la vie, le sens de votre parcours et de vos relations aux autres qui détermineront l’outil, la technique dont vous aurez besoin le moment venu.
15. Comment mesurez vous l'impact d'un séminaire sur la performance de l'entreprise ? Arrivez-vous à le quantifier et à mesurer ses retombées opérationnelles ? Quels indicateurs sont utilisés ? Calcul d'un ROI ? Comment les entreprises clientes procèdent elles ?
Le ROI est un outil destructeur d’humanité en RH. Vous devriez plutôt partir sur des questions qualitatives et creuser un « Retour sur attente ». Le premier qui prouvera un réel impact d’un séminaire sera riche. Pour l’instant ce n’est pas le cas, il y a trop de paramètres qui jouent.
16. Selon vous, quelle durée les entreprises privilégient-elles pour leurs séminaires ? Pourquoi ? Quelle durée actuellement ? Quelle durée souhaiteraient-elles vraiment ?
La durée dépend des objectifs mais la durée de 2 à 3 jours est préférée car au-delà il y a un coût économique.