La peur du risque met en danger l'innovation. Deux attitudes se mettent en place pour gérer l'effort d'innovation. Je les désigne comme turbulette et détrompeur.
La turbulette
La turbulette emmaillote les collaborateurs dans des procédures, des validations, une variété de contrôles. Il est ainsi construit un cadre d'action qui évite de se heurter à l'environnement et entrave pour partie toute initiative. L'esprit turbulette en cantonnant l'exploration à un espace limité contraint à ne prendre en compte que l'environnement immédiat. Dans ce cas, l'apprentissage et l'innovation ne porte guère au delà du champ de vision.
Les détrompeurs
Les détrompeurs sont des référentiels d'action auxquels on se fie pour éviter les erreurs en particulier de sa propre perception des événements. Ils attirent la vigilance de chacun vers un geste corrigé un bon réflexe et permettent ainsi d'éviter toute variation. Là encore, ils empêchent d'expérimenter une bifurcation, une autre façon de faire.
A force de normaliser les réponses possibles aux demandes de clients et d'usagers on finit par appauvrir les gammes d'offres. Si comme le disent les tenants de l'évolutionnisme "la fonction crée l'organe", alors l'appauvrissement de l'organe de réponse diminue la fonction. Autrement dit, plus on normalise, plus on utilise des turbulettes et des détrompeurs plus on assèche le fluide vital essentiel pour trouver une nouvelle direction et innover. Dans le même temps que le profit s'écoule goutte à goutte en respectant les règles, la sève créatrice diminue.
Mais jusqu'où laisser les collaborateurs prendre des initiatives et faire des erreurs? Dans les administrations le contrôle a priori s'impose alors que dans le privé c'est la sanction a posteriori.
C'est bien toute la question du risque d'enfreindre les règles qui est posée à l'innovateur, et cela il sera toujours seul pour le faire.