Il est possible d’affirmer que les organisations apprennent. C’est toujours curieux de se représenter une organisation comme une entité capable de mémoriser, de reproduire des séquences d’activité, de générer de nouveaux savoirs, d’agir avec compétence, de se projeter dans le futur et d’élaborer de nouvelles idées, parce que l’on imagine que l’apprentissage est seulement affaire de modification du cerveau. C’est pourtant ce qui se produit à chaque fois que des processus, des tâches, des projets, des rencontres humaines se combinent et transforment les repères de travail et les travailleurs.
En effet, l’apprentissage va bien au-delà de l’idée d’un transfert d’information d’un cerveau dans un autre. Les biologistes le décrivent comme la rencontre d’une femme/homme avec son environnement, et de l’influence qu’ils exercent réciproquement entre eux. C’est un phénomène d’adaptation dynamique et bien vivant. Mes actions, transforment mon environnement et je suis transformé par lui en retour. Lorsque les femmes/hommes agissent de concert et en groupe ils influencent leur environnement et l’environnement leur renvoie de nouvelles possibilités d’action. Des perspectives et des chemins possibles se dessinent. Une vision collective émerge. L’organisation a l’opportunité d’adopter de nouveaux sens : elle apprend.
Dès lors à chaque fois que des collectifs se réunissent, ils créent les conditions de transformation de l’action. Ils peuvent s’écouter, échanger entre eux, s’imiter, se stimuler, dialoguer, percevoir des issues qu’ils ne sauraient appréhender seul.
A chaque fois que les environnements humains sont modifiés, à l’occasion de projet, de changement (de processus, d’organigramme, de système d’information, etc.), de séminaire, de rencontre massive, d’université d’été, il y a une modification des relations entre les personnes et de nouvelles perspectives possibles. La simultanéité des possibilités, et des prises de repères font que c’est plus que l’homme, la femme isolé qui change de vision, mais toutes les personnes rassemblées.