Peut-on vraiment être inactif lorsque notre pouls bat, lorsque les molécules d’air chargent notre corps d’oxygène et le débarrassent d’un trop plein de carbone, que notre cerveau est en tension de 8 à 40 hz ? Etre inactif, qu’est-ce que cela veut vraiment dire ? S’agit-il seulement de ne pas bouger ? Oui, mais si nous restons bras ballant nos pensées ne s’agitent-elles pas sous nos cranes ? Nos neurones ne se connectent-ils pas ? En réalité cette inaction est l’illusion offerte par le masque de notre corps impassible à notre environnement. Dans nos cerveaux les arcs électriques dessinent des arabesques que les scanners savent capter, des transformations chimiques opèrent, des molécules se déforment et font que chaque seconde nous sommes différents. Chaque seconde des cellules naissent et meurent. Chaque seconde une flore microbienne bouillonne. Un œil même bien exercé ne perçoit qu’un souffle. Nous ne bougeons pas mais sommes-nous inactifs pour autant ?
L’inaction ne concerne donc que l’enveloppe visible, les états émotionnels ne transparaissent pas, le mouvement de nos viscères est imperceptible. Rien de visible ne se passe, mais pourtant tout notre être est en tension et s’adapte en continu à l’environnement. A lire ce corps en tension, l’inaction n’est peut-être pas symétriquement l’inverse de l’action. L’inaction serait peut-être sur le spectre du mouvement visible, la partie la plus basse. Le signal faible de la préparation. Nous valorisons parfois l’expression, l’extraversion et le geste qui va de l’intérieur à l’extérieur, plus rarement le temps de l’inspiration, de la préparation.
Pour ma part je considère que ce qui se produit juste avant l’action, quand rien ne cille est déjà l’action. De la même façon qu’un temps de silence juste après la dernière note d’une symphonie est encore de la musique, le temps où rien ne se passe juste avant l’action est déjà un mouvement. A considérer ainsi le rapport au monde, il s’agit de prêter plus d’attention aux prémisses. Le moment de l’esquisse, est apprenant.
La méditation, le repli sur le silence sont donc des moyens d’apprendre la direction de notre intention, de notre futur geste. Dans ce monde agité apprenons à ne rien faire … en apparence.