Le moment de démarrage d’une communauté d'apprentissage est particulier en ce sens qu’il contient en germe le devenir de la dynamique collective. Examinons deux cas de figure. Le premier cas est celui d’une agrégation de quelques individus autour d’idées de croyances, de besoins communs. Il s’agit de se mettre à marcher ensemble, au même rythme, de se créer des obligations réciproques, des buts partagés de devenir un « individu pluriel » (un on ou un nous). L’alchimie du qui l’emporte sur la question du comment. La façon de procéder reste un chemin à construire ensemble. Ce qui compte c’est la qualité humaine de l’autre, la confiance qui se construit pas après pas. Cette confiance repose sur la croyance d’un comportement prévisible engagé dans une direction commune. Dans cette configuration, la naissance de la communauté dépend de la capacité des premiers atomes qui se crochent à faire partager à d’autres leur vision. Cela passe par l’existence d’un espace et d’un temps qui rendent possible la rencontre. Le temps des échanges doit être suffisamment longs pour rendre possible l’appréciation cognitive, émotionnelle, affective avec l’autre. Si les membres de la communauté se crochent les uns aux autres, c’est qu’ils ont le temps de se découvrir, de mesurer les engagements réels et d’éprouver la force des liens entre les paroles et les actes. La communauté ainsi crée est « performative », soudée par ses discours tout autant que par ses actes. La force de la cohérence ainsi rendue visible rend la communauté attirante pour les autres en périphérie qui ont envie de la rejoindre et de vivre la même expérience de partage. La communauté se nourrit de son histoire, de ses héros fondateurs et de ses mythes. Cette pratique narrative crée les liens qui unissent chacun. De la même façon, qu’une communauté de hacker se réunit autour du code informatique qu’elle développe et améliore sans cesse, une communauté humaine fabrique son langage, ses verbes, ses expressions spécifiques, ses tabous, ses points d’intérêts valorisants, ses formules remarquables ou métaphores visionnaires. Elle installe ainsi des points de repères, les « bornes du village ».
La création d'une communauté d'apprentissage
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