La pédagogie des grandes causes humaines est un processus qui part de l’intérieur de la communauté des hommes et qui trouve ses fondements dans leur émancipation. La pédagogie des grandes causes humaines va au-delà de l’idée d’une pédagogie efficace, utile ou adaptée à un objectif opérationnel ou à l’acquisition d’une compétence ciblée. Ces adjectifs cadrent mal avec l’ambition de transformation de soi et du monde sous-jacente et de réalisation d’un équilibre.
Un formateur, un concepteur, un dirigeant d’organisme de formation s’engage dans une transformation de sa façon de penser le monde, s’il est pénétré de l’idée que l’émancipation est le moteur et la finalité de l’acte pédagogique. Chacun pour devenir un peu plus humain s’émancipe : de ses croyances limitantes, de ses assujettissements à des besoins inutiles, des regards diminuant portés sur lui, des dictats sociaux ou technologiques qui pèsent sur lui. L’émancipation est une forme d’affranchissement de pensées toutes faites qui contribuent à diviser les hommes.
Plusieurs repères s’intègrent dans la pédagogie des grandes causes humaines :
- Soyons le changement que nous voulons pour le monde
La force de quelques-uns qui s’engagent, prennent des risques, osent se tenir aux valeurs d’équité, de justice et d’équilibre du monde est au cœur de cette idée. Il s’agit de faire des choses concrètes, même minuscules, pourvues qu’elles aient un impact immédiat. Il s’agit d’être présent à soi-même et aux autres ici et maintenant. La pédagogie des grandes causes humaines est donc un exemple d’engagement. Cette pédagogie s’épanouie dans l’action avec des enjeux réels.
- Développons une qualité relationnelle
Il s’agit dans cette idée d’engager les formateurs et les apprenants à pousser le plus loin possible leur intérêt pour la qualité relationnelle avec les autres. Car c’est de la qualité relationnelle avec les autres qu’un changement est possible en soi. Un travail sur ses qualités d’altruisme, de sollicitude, de bienveillance, de sympathie va nourrir ses émotions positives qui sont autant de levier pour conforter une vision du monde. Cette pédagogie requiert la construction de relations fortes et respectueuses entre les maitres et les élèves, un apprentissage de ses émotions.
- Apprenons ensemble les uns pour les autres
Les apprentissages collaboratifs, coopératifs, en réciprocité, toutes les formes collectives qui favorisent une écoute en profondeur participent de la pédagogie des grandes causes humaines, parce qu’ils nous conduisent à développer des valeurs d’inclusion, de partage, de confiance d’adoucissement de nos façons d’être. Apprendre les uns des autres nous conduit à changer de rythme et à adopter une temporalité commune, acceptable par tous. Cette pédagogie engage une communauté entière et pas un individu isolé.
- Visons le long terme
L’humanité est le fruit d’une longue histoire. Elle résulte de liens entre les hommes et la nature qui les abrite. Viser le long terme conduit à préserver ce qui s’inscrit dans la durée, tel que la beauté, l’amour, la qualité de la relation à l’autre et bien sûr la terre qui nous porte. Cette pédagogie induit un contrat dans la durée, un surplus de patience, la capacité à mettre entre parenthèse l’agitation du monde. Cette pédagogie fait de la place au silence et à la réflexion conduite par soi-même.
- Soyons positif
La vision positive est partie prenante de la pédagogie des grandes causes humaines, car la persévérance d’un apprentissage dépend d’une appréciation positive de ses efforts. Apprendre nécessite de faire effort. Faire un effort lorsque l’on est dans un flux positif et entrainant d’actions requalifie cet effort. Il devient une satisfaction en soi. Cette pédagogie requalifie les événements traversés et leur apporte un surplus de sens.
Nous avons repéré plusieurs approches qui s’inscrivent dans cette
- La théorie U d’Otto Scharmer
- Les différentes formes d’apprentissage coopératif
- La pédagogie transformative de Jack Mezirow
- Le plaidoyer pour l’altruisme de Mathieu Ricard
- L’utopie pédagogique d’Henri Desroche