"Un adulte n’est prêt à se former que s’il peut trouver dans la formation une réponse à ses problèmes dans sa situation. Tout le secret de la formation des adultes consiste à transformer le vécu en expérience, les expériences en savoir-faire, puis les savoir-faire en connaissance qui permettent l’autonomie". Bertrand Schwartz
J'ai longtemps pris cette sentence comme une vérité éternelle. Enoncée par Bertrand Schawrtz, il semble difficile de poser un doute. Il y a une forme d'argument d'autorité qui émane de la statue du commandeur. "Circulez il n'y a rien à voir." Essayons de le faire cependant (tout en respectant l'oeuvre de cet immense pédagogue).
Tout d'abord la formule négative me pose question. Je goute peu ce type de formule, définitive qui tombe comme un couperet. Comme si le monde était fait de problèmes? Peut-on imaginer qu'il y ait des envies, des projets qui soient autre chose que des problèmes? Et si la formation était aussi du don, de la générosité, du désir. Si la formation allait vers un accroissement de son pouvoir d'agir, plutôt que vers le comblement d'un manque?
Par ailleurs, la formule laisse penser à une forme linéaire dans la logique "un problème - une solution". Et puis tout s'enchaine comme une équation, ou des phases bien huilée.
vécu-> expérience -> savoir-faire -> connaissance -> autonomie
Mon expérience m'apprend plutôt que l'équation humaine est complexe et que les chemins sont nombreux. L'homme serait plutôt lié, jamais vraiment seul, sa situation est autre chose qu'un isolat. Ses voies d'apprentissage son bien plus tortueuses, sa situation très changeante.
Enfin, j'ai passé l'âge des secrets, des recettes miracles. Si j'aimais les secrets que chuchotait ma grand mère pour faire taire les brûlures, je suis bien moins croyant en leurs vertus. J'en arrive à la conclusion qu'il y a plusieurs façons de faire tant de celui qui fait profession d'apprendre que de celui qui imagine pouvoir enseigner.