Introduction
Le bouillonnement pédagogique actuel est fascinant, un foisonnement de nouveaux espaces se met en place. Ces espaces sont physiques ou numériques. Tout se passe comme si les catalogues de stage de formation étaient actuellement remplacés par des répertoires d’espaces d’apprentissage collaboratif. Le format convenu du stage articulant titre, objectif, contenu, prérequis, modalités ne répond pas au besoin de questionner le futur. C’est pourquoi l’impératif de créer des nouvelles idées est si fort. Et l’on ne crée pas si facilement des idées nouvelles dans des lieux compassés. Disposer de nouvelles stimulations nécessite des approches nouvelles (co-design, design thinkink, créativité collaborative, maîtrise d’usage), des hommes nouveaux (déviants, autrementistes, passionnés, professionnels marginaux) et surtout des lieux nouveaux pour abriter tout ce mouvement. Je distinguerai pour tenter d’organiser le débat naissant : les labs et les autres espaces.
La famille des labs
Tout d’abord les labs se caractérisent par des intentions univoques relatifs à des thèmes clés. Ils sont guidés par des objectifs un point d’attirance autour de problématique thématiques bien identifiées. Il est ainsi possible de repérer l’attraction actuelle pour les lab : living-lab qui traite de problématique sociétale, fab Lab lieu ouvert au public où il est mis à sa disposition toutes sortes d'outils, pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d'objets, volonté de réindustrialiser la ville ; Etalab qui administre le portail unique interministériel data.gouv.fr destiné à rassembler et à mettre à disposition librement l’ensemble des informations publiques de l’Etat, ou encore Prof lab, méthode de travail coopératif entre les différents acteurs de l’éducation nationale. Il existe aussi nombre d’espaces thématisés qui s’efforce de devenir des points de rencontre et de foisonnement autour de pratique par exemple les media lab qui se créent autour des médias et de la communication ou les « Learning lab » (Laboratoire d’apprentissage) « Lieu et un écosystème d’expérimentation et d’innovation sur les nouvelles formes de travail et d’apprentissage collaboratif. Ces espaces novateurs ont recours simultanément aux outils numériques, aux environnements, équipements, supports d’apprentissage et méthodes pédagogiques favorisant l’intelligence collective. » Au sujet de ces espaces on évoque aussi l’expression salles de formation 3.0. Les labs partagent une philosophie de l’exploration de la découverte de l’envie de transformer les environnements dans lesquels ils sont insérés, de faire levier sur eux, d’en rendre les acteurs vivants et engagés. Ces labs peuvent abriter des centres ou salle de co-design (co-conception), des collecticentre, des design studios qui permettent la rencontre et l’expérience collaborative.
La famille des autres espaces
Ensuite les autres espaces qui s’installent obéissent à une multiplicité d’enjeux. Ce qui les caractérise, ce sont les processus variés qu’ils engagent, la transformation des relations entre les personnes et leur milieu. Il existe une variété de tels espaces au titre desquels il est possible de citer les « Tiers lieux » ni tout à fait espace de travail, ni tout à fait espace privé, lieu intermédiaire à la définition flottante. Les espaces de co-working permettent à des travailleurs indépendants de se retrouver et d’imaginer par hasard des rencontres de nouvelles prestations et de nouveaux services. Les « Espace public numérique (EPN) » « sont des centres de ressources pour le développement numérique des territoires. Ils mettent à disposition des équipements. Ils proposent des méthodes d’accompagnement de projets coopératifs. Ils organisent des ateliers et des parcours d’initiation accessibles à l’ensemble des citoyens. » « Les EPN sont des lieux d’expérimentation et de diffusion des nouveaux services et des nouveaux usages liés au numérique, ainsi que des lieux d’animation de projets collaboratifs de proximité (co-construction, participation, partenariats, etc.). » Dans cette famille de nouveaux espaces favorisant le numérique, il est possible de citer les « Café numérique ». Le concept de café numérique a été défini dans le cadre d'un projet de recherche intitulé « L'entreprise face aux mondes virtuels » en 2011. Il s'est opérationnalisé par transformation d'un espace web qui existait bien avant lui: dream Orange. Le café a d'ailleurs gardé le nom de dream Orange. Les learning center sont des espaces renouvelant les bibliothèques en y adjoignant de nouveaux services pour les usagers et en intégrant plus de convivialité. Dans les nouveaux espaces des écosystèmes se mettent en place autour des incubateurs, pépinières ou hôtel d’entreprise, cluster, ou « villages de l’innovation ». Ces écosystèmes s’organisent autour de processus favorisant l’émergence d’idées, leur cristallisation en courant d’affaire et l’augmentation croisée et réciproque des organisations qui se rencontrent chacune suivant ses finalités et projets propres.
Conclusion
Le titre de l’article évoquait le passage du catalogue de stage de formation au répertoire de nouveaux espaces, car plus que le contenu ce que transforme ces espaces ce sont les façons d’interagir les uns avec les autres. De là l’idée que demain consistera pour apprendre à identifier le lieu où interagir avec les autres et pas seulement celui ou se charger de connaissances. Ce répertoire de nouveaux espaces guidant et orientant vers des pratiques, des flux de ressources, des engagements autrement plus stimulant que des espaces de distribution de cours. Ce qu’apportent ces nouveaux espaces c’est à la fois des ressources pour agir, mais aussi pour se ressourcer pour se motiver et consolider ses projets ou ses compétences professionnelles. Il ne fait absolument aucun doute qu’ils contribuent au passage des structures de distribution de savoir, à des systèmes de construction de savoir. Ils consacrent le passage de la formation à l’apprenance.