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Le monde de l'entreprise s'est d'abord invité à la maison. D'abord ce furent les dossiers que les cadres emmenaient à la maison dans leur attaché-case le weekend. Puis les courriels ont gardé sous tension permanente tous les collaborateurs à toute heure du jour et de la nuit. Si 16% des entreprises sont des télétravailleurs ponctuels, le télétravail reste balbutiant faisant du domicile l'arrière cours de l'entreprise. La vie deviendrait un vaste chantier ou l'on ne s'arrêterait plus. En contrepartie, la consultation de son travail de sites distants pour régler ses problèmes personnels administratifs s'observe dans les statistiques de fréquentation des banques et des administrations. Chacun a la possibilité d'utiliser l'ordinateur ou le téléphone confié par son entreprise pour régler de menus problèmes. Mais au delà de ces usages (et parfois de ces abus), d'autres signes de brouillage sont perceptibles du domicile vers le lieu de travail. On pourrait bien assister à une domestication de l'entreprise tellement la réflexion sur les espaces est actuellement touchée.
Ce qui s'invite aujourd'hui, dans les espaces professionnels est d'une autre nature. Les nouveaux espaces qui s'inventent dans les entreprises font la part belle à des façons de circuler, de s'assoir et d'interagir qui tiennent moins de la connaissance de l'ergonome d'entreprise que de l'expérience du quotidien familial. Dans les entreprises tertiaires, ces nouveaux lieux qui se veulent cools et branchés se dessinent dans une idée de convivialité et de relation apaisée. Ce sont des salons avec leur tables basses, leur luminaire et leur canapés qui sortent des hall d'accueil pour devenir les nouveaux espaces de travail en groupe dans les salles de réunion, showroom d'acculturation numérique, salle de co-design ou de créativité. Et cela semble fonctionner. Pensez donc, se relever d'un canapé ou d'une assise basse nécessite de prendre appui avec ses mains, ce confort, ses gestes inhibent les tensions et velléités d'agressivité, un peu à la façon des maisons à palabre dans certains pays d'Afrique dont les plafonds très bas empêchent aux discutants de se lever brusquement pour en venir au main. L'ergonomie des nouveaux espaces seraient ainsi plus favorables au dialogue et à la créativité. La table de bureau conçue pour écrire ou supporter un ordinateur rabaisse sa superbe et se met au niveau d'une assise plus basse. Elle se fait lieu d'accueil d'objet autour desquels il est possible d'échanger. Les tablettes numériques se substituent alors aux tables. Ces tables basses dans les salles de réunion et de créativité se prêtent plus facilement au dialogue d'autant plus qu'elles sont arrondies. La tablette numérique serait-elle en train de tuer la table et ses gros dossiers de papiers? La vie du salon familial pénètre t-elle dans l'entreprise? Si oui quelles seront les conséquences des nouveaux comportements qui ne manqueront pas de s'installer?