Les formations sous forme de stage sont souvent mal ciblées car centrées sur les croyances a priori des concepteurs qui imaginent avoir "écoutés les besoins" de leurs bénéficiaires et proposent alors des solutions pour un collectif imaginaire. En fait, il y a moins de "besoin" à satisfaire que d'enjeux à relever ou de problèmes à résoudre.
Le "besoin" est une construction intermédiaire qui vient s'interposer entre le réel singulier vécu et sa traduction théorisée et mise à distance. Le besoin est une construction qui met à distance le travail. La réflexivité se pose avant même que l'expression de la situation ait lieu. Elle est portée chez le formateur plutôt que chez celui qui apprend. Pourtant la réflexivité participe au processus d'apprentissage.
C'est certainement dans la compréhension des questions qui se posent, que se produisent les apprentissages plutôt que dans le décryptage d'un "expert du besoin", qui ne sera jamais à la place de celui qui vit la situation. Il en résulte des risques de décalages, des réponses plaquées, la centration sur les solutions pré-pensées portées par le formateur.
Il existe pourtant d'autres façons de procéder. Il s'agirait de partir de la recherche de questions qui comptent, de revenir au sens global de la situation de travail. C'est bien entendu fort inquiétant "envoyer des personnes en formation" pour qu'ils posent des questions plutôt qu'ils ne se centrent sur des réponses ou des contenus tout prêts semble contre-intuitif. Pourtant, c'est bien ce qu'il faut faire, écouter, écouter, écouter encore ce qui est vécu et proposer des situations qui stimulent les questions et l'envie d'y répondre soi-même. Animer un débat plutôt que de seulement orienter les questions vers ce qui est prévu à l'avance.
La question qui compte embarque le réel, l'intérêt et la motivation pour y répondre.