A un moment où les hommes politiques, syndicalistes, dirigeants de grandes entreprises se sont tellement discrédités (mensonges, confusions, trahisons politiques, division et éloignement des besoins de la population etc.) qu'ils ne savent plus jouer que de la peur ou de la démagogie pour se faire élire et se maintenir, un mouvement citoyen se met en place. Il s'agit de "Nuit Debout".
Ce mouvement est né de la manifestation contre la loi El Khomry (ministre qui n'a jamais travaillé mais qui prétendait réformer le code du travail). Il se déploie depuis le 31 mars 2016 à Paris et dans d'autres villes de France. Il rejoint la liste des mouvements de type Indignados ou occupy wall street. Ce type de mouvement qui cristallise l'exaspération populaire s'ancre dans des lieux chargés. A Paris, la place de la République est encore marquée des stigmates des attentats terroristes. Les bougies, les mots, les fleurs sont toujours autant chargée d'émotions. L'âme de la capitale semble à cet endroit bien vivante. C'est comme si une énergie était là palpable. Peut être l'egregore cette personnification d'une foule décrite par Victor Hugo. Malgré les risques d'attentats toujours bien réels, la foule reste dense pour écouter une succession d'orateurs. Ceux-ci font la queue et se succèdent pour délivrer leur message en 2 minutes calibrées, par des facilitateurs qui s'évertuent à réguler l'expression de tous. Le parterre assis est attentif à toutes les prises de paroles. Les mains qui s'agitent marquent l'adhésion au propos, des moulinets invitent à accélérer ou passer à autres choses, des balancements des bras marquent un désaccord. Les règles de communication de cette masse s'apprennent naturellement par imitation.
Autour de l'agora principale réunissant plusieurs centaines de personnes, des cercles humains sont autant d'espaces de discussion de 6 à 12 personnes. S'agit-il des différentes commissions traitant d'une variété de sujets concrets? Ou de sous-groupes qui profitent du rassemblement pour faire avancer leur réflexion sur l'écologie, la santé ou le droit au logement ? La foule est jeune, bigarrée, les curieux sont nombreux, les observateurs, journalistes, politiques, associations bouillonnent tout autour. Les positions syndicales traditionnelles paraissent bien fades dans le bouillonnement continu d'idées et de propositions. Finalement le fil directeur ne se perçoit qu'au bout d'un temps conséquent de prise de paroles. Tous finissent par influencer chacun, car chacun est à la fois spectateur et acteur.
Cet apprentissage démocratique est bien loin des débats télévisés convenus ou des journalistes complices mettent en valeurs leurs invités. La demande d'assemblée constituante s'exprime comme une solution à la crise déontologique actuelle.
Personne ne sait ce que donnera ce mouvement, mais, il est possible de garder en mémoire cette sentence de Gandhi : "D'abord ils vous ignorent, ensuite ils vous raillent, ensuite ils vous combattent et enfin, vous gagnez"