Savoir-faire des luttes, quel beau titre !
Personne ne sait bien si le mouvement "Nuit-debout" va s'effondrer comme un château de cartes ou trouver un nouveau souffle, et des relais dans la société qui dépassent les jeunes engagés, mais, une chose est sure , c'est que ce mouvement contribue à une conscientisation : terme et méthode réflexive développée par le pédagogue Brésilien Paolo Freire pour l'émancipation du peuple.
Tous les pédagogues (auto-déclarés ou déclarés tels par leur contemporain) qui ont un peu compté dans l'histoire de la pédagogie avaient en tête une vision : celle de l'émancipation des personnes humaines, leur développement et leur juste place dans la société. C'est tout de même sain que la jeunesse qui se sente exclue - 25,7% de chômage et des débuts financiers dans la vie médiocre, y compris pour les diplômés - et mal intégrée dans un monde qu'elle conteste prenne en main les débats sur la vie qui la concerne, plutôt que de se plaindre et d'attendre. Retenons cela de positif, ils osent contester à haute voix les maux de nos sociétés actuelles pollution, exclusion sociale, injustice, dont ils font les premiers les frais et inventent leurs moyens d'action.
Le savoir est souvent vu comme un livre que l'on transmet, mais il possède une autre facette, celle du savoir que l'on arrache et que l'on va chercher soi-même.
Nuit-debout apparaît à cet égard comme une école pour se tenir debout. Voici quelques apprentissages observables :
- Réalisation de tracts, création de slogan, d'affiches, de visuels, de vidéos, de photos, pour rassembler et convaincre,
- Appropriation et aménagement des espaces, diffusion de valeurs, d'idées, capacité à entrainer les passants dans les échanges et les débats,
- Imagination de projet et d'action de communication à impact (ex :contestation d'une prise de parole du Front National dans une école emblématique : science-po, ou perturbation du gala de science po),
- création d'un journal et de rubrique en ligne, sens de la communication, veille sur les médias,
- création de site internet, animation de de réseau de soutien, diffusion internationale
- organisation de commissions de réflexion (plus de 80), sous le format "forum ouvert", ou "cercle de parole",
- mise en place d'ateliers créatifs et commission poésie debout, art contemporain debout
- régulation des prises de parole, et encadrement de foules (jusqu'à 3500 personnes place de la république)
Tout ce qui s'observe témoigne de forme de co-apprentissage entre les participants qui ne savaient pas forcément qu'ils avaient besoin de savoir mais qui apprennent en luttant. Toutes les formes d'expression sont réinventées.