Thomas d'Ansembourg est psychothérapeute et enseigne la communication non violente (CNV). Le propos de cet ouvrage précieux est de nous rappeler que l'édification d'une démocratie passe par l'intérieur de soi-même. Elle nécessite de sortir de nos enfermements.
L'auteur constate que si nous courrons partout hors de nous même c'est pour nous éloigner de nous même. La société de consommation s'est édifiée dans ce sens. Elle répond aux illusions de jouissance. Notre propension à être morcelée dans nos envies, nos besoins nos temps de vie éclate encore la compréhension que nous avons de nous-même, la possibilité d'unir notre potentiel. Elle offre un sens facile par les signaux matériels de réussite.
La réconciliation avec soi-même prônée par l'auteur passe par un lent processus de prise de confiance en soi en l'autre et en la vie. Il s'agit de passer de l'enfermement à l'ouverture. Pour l'auteur les temps où l'on ne fait rien sont importants. Ce sont des temps où l'on se rend disponible pour la transformation. Ces temps permettent d'aborder la complexité de prendre conscience de ce qui agit à l'extérieur et à l'intérieur de nous.
Pour l'auteur l'émiettement de soi auquel nous expose les repères culturels dominants, nous empêche d'utiliser toute forme d'intelligence autre que rationnelle. L'intelligence émotionnelle, les perspectives spirituelles sont régulièrement cachées sous une couche rationnelle qui écrase le reste. Il s'agit d'apprendre à se confier à lâcher pris, à abandonner la conscience qui transforme tout en objet. De la même façon se lâcher prise concerne le faire :"trop faire empêche d'être". Arrêter de bouger dans tous les sens, permet de se sentir bouger de l'intérieur. Nous avons peur de l'inconnu mais l'inconnu c'est nous. Se poser c'est apprendre à faire avec
Apprendre à se déposséder de biens inutiles pour investir des liens nourrissants à soi ou aux autres est une forme de régulation du monde plus démocratique. Cette reliance dépasse l'illusion du Graal de recherche du bonheur et de ses avatars. Se relier, c'est être heureux. Elle passe par le dépassement de la peur de manquer, ou de l'illusion de contrôle par l'argent amassé. Quand cet argent ne conduit pas à des maux plus grave tels que l'avidité, l'hubris ou l'illusion de s'acheter une vie heureuse.
Un travail sur la conscience traverse actuellement nos sociétés. Cet âge noétique grandit imperceptiblement, il prend chacun à partie de son intériorité. Chacun peut accéder à ses ressources. Nombreux sont les créatifs culturels qui inventent le monde à leur manière et lui donnent une interprétation personnelle, changeant l'ordre des valeurs et de la vie. Ils cherchent plus de cohérence et de respect de leurs propres valeurs, quitte à une perte de confort. Cette recherche d'un axe personnel et enraciné dans le vivant progresse à côté des approches matérialistes et conservatrices. Cette nouvelle conscience conduit ces créatifs à explorer et bâtir la vie qui les passionne. Tout se passe pour ces porteurs d'une nouvelle conscience comme si la croissance spirituelle prenait plus d'ascendant sur la croissance matérielle.
C'est parce que la confiance en soi en l'autre et en la vie sont à la base des sociétés démocratiques que le travail d'intériorité est si essentiel. La conclusion affirme que ce qui fait la valeur d'une vie humaine, ce n'est pas la foi, ce n'est pas l'espérance, c'est la quantité d'amour, de compassion et de justice dont on est capable.