Il est possible d’assimiler l’innovation en formation à une perpétuelle réinvention. Les idées flottent en permanence dans les esprits humains et parfois, elles s’ajustent aux situations qui deviennent plus accueillantes. Les problèmes nouveaux nécessitent alors de changer de cadre de pensée. Quand l’idée s’avère pertinente elle adhère aux pratiques. L’innovation s’installe et apporte une solution plus efficiente. Plutôt que de parler d’innovation qui nous renvoie à un vocabulaire de produits industriels, et à son processus de raffinage qui fait passer l’idée au stade d’invention, puis au stade d’innovation et enfin au service ou produit ; Mieux vaut parler de diversification des apprentissages, plus modeste.
Du reste, le législateur n’autorise pas de brevet sur des innovations de méthodes pédagogiques. Et pour cause, elles sont diluées dans les pratiques humaines faites de langage, de coopération et d’interaction avec le monde. En revendiquer la paternité s’avère fort hasardeux. Tout au plus, peut-on protéger une marque, un programme informatique, des dessins et modèles, un texte, mais pas l’assemblage de tout ce qui constitue la véritable valeur ajoutée de la pédagogie : la rencontre entre une curiosité, des envies de partage, des contenus d’apprentissage, une adaptation au contexte dans une visée d’accroissement du pouvoir d’agir de l’individu apprenant autrement dit une visée d’émancipation.
La diversification est un terme moins vindicatif projetant de faire varier les approches et les méthodes. Finalement, parler de diversification des apprentissages ouvre plus que d’évoquer l’innovation qui peut être sociale, organisationnelle ou technique. La diversification met l’apprenant au cœur, car c’est à lui qu’elle apporte le plus de bénéfices :
- Elle touche les apprenants dans leur façon singulière d’apprendre. Car, proposer une variété de méthodes est un moyen de connecter plus facilement le canal d’apprentissage singulier.
- Elle stimule la curiosité et l’envie d’apprendre, car si la redondance pédagogique améliore la remémoration, d’informations, la variété, les ruptures, le rythme, les espaces et les matières différentes provoquent un entrainement.
- Elle enrichit l’environnement d’apprentissage en apportant de nouveaux sens, en favorisant la création de nouveaux liens avec des connaissances déjà ancrées
Mais, l’abondance technologique ne mérite-t-elle pas ce qualificatif d’innovation ?
Bibliographie
CRISTOL, D. (2014), Former se former et apprendre à l’ère numérique. Paris : ESF.
CRISTOL, D. (2011), Innover en formation. Dynamiser l’apprentissage en entreprise. Paris : ESF.
CRISTOL, D. (2011), Management et innovation : 60 nouveaux exercices. Jeux et cas pratiques pour apprendre ensemble. Paris : ESF