Les managers actuels sont appelés à devenir des leaders éducatifs.
La légitimité des managers était surtout fondée sur la possession d'un diplôme qui attestait pour la vie durant le fait d'avoir réussi polytechnique, un MBA, sciences po ou une autre institution prestigieuse. Cette attestation d'un stock de connaissance, et de la capacité à raisonner associée était réputé définitive. Il avait fait l'ENA ou telle grande école, il était prédéterminé à diriger pour la vie.
Le rapport au savoir est soumis actuellement à une mutation sans précédant, notamment par
- la mise à disposition d'une masse de connaissance en ligne
- l'émergence de nouveaux profils d'utilisateurs (créatifs culturels) qui utilisent les savoirs à des fins d'interprétation singulière du monde
- la rapidité de circulation des hommes et des informations
- la possibilité de critiquer plus directement les usages et finalités des savoirs déployés
Le rapport au savoir passe aujourd'hui d'une logique de stock on parle de capital de connaissance, ou de capital humain à une logique de flux où les points de développement de nouveaux savoirs sont incertains tellement les liaisons et les volumes de données sont volumineux. Les savoirs sont changeants, multidisciplinaires, contextualisés, potentiels. Il est nécessaire de les réactualiser sans cesse. Posséder un diplôme est insuffisant.
Les diplômes et la réputation de savoir associés sont toujours pertinents pour entrer dans la vie active mais les leaders une fois en place sont défiés par de nouveaux savoirs émergents qui se reconstruisent en permanence pour répondre à une pression d'usages de consommateurs, de collaborateurs, de citoyens etc. de plus en plus forte. La seule légitimité par le statut est insuffisante pour mener des équipes lorsque celles-ci sont créatives, évoluent vite et cherchent à s'engager et accroître leur pouvoir d'agir dans un monde incertain. Les équipes se tournent alors vers ceux qui sont en capacité de les faire évoluer et de s'adapter et octroient une confiance limitée dans les postures des seuls gestionnaires dont elles savent par expérience qu'ils n'hésiteront pas une seconde à leur faire quitter l'entreprise pour le seul intérêt économique, c'est pourquoi les légitimités qui s'installent aujourd'hui sont celles des managers véritables leaders éducatifs capables de s'intéresser au développement des compétences de leurs collaborateurs.