Les livres regorgent d’exemples formidables où des rencontres humaines produisent des idées stimulantes et innovantes. Certains évoquent la sérendipité, cette rencontre du hasard et de l’intelligence, d’autres l’intelligence collective, d’autres encore les capacités des systèmes à produire des émergences, parfois les plus matheux d’entre nous évoquent la théorie des graphes et prédisent les relations entre chaque nœud et des nouvelles propriétés. Pour finir les sociologues évoquent la liance c’est à dire la réalité qui se situe entre les nœuds et les traits. Mais qu’en est-il quand on est à l’intérieur même d’une réalité humaine, tous ces modèles fonctionnent-ils ?
Immergé dans le hackathon « Apprendre ensemble de 3 à 99 ans à l’ère numérique », nous observons la façon dont des schémas mentaux, des habitudes de travail, ou des réflexes se percutent. Comment peuvent bien se rencontrer les univers des élèves de 3eme, des start-uppers, des chercheurs, des professionnels des ressources humaines, des coachs, des dirigeants, des entrepreneurs ?
Le hackathon était basé sur des défis pédagogiques et numériques à relever, des équipes mixtes devaient produire des idées nouvelles pour transformer les façons d’apprendre ensemble.
C’est dès la définition des objectifs que les questions se posent dans les groupes-défis. Les phénomènes de leadership se produisent : certains ont besoin d’aller vite vers la solution, d’autres de se sentir à l’aise en groupe, d’autres enfin de suivre un déroulé précis.
Des porteurs de défis, des facilitateurs et des coachs font avancer la dynamique collective. Ils aident aux ajustements pour que chacun trouve sa place. Si les star-uppers foncent droit à la solution et sont rompus à l’exercice du pitch, ils sont tempérés par des professionnels plus âgés qui questionnent, posent des hypothèses, font parler leur expérience. Quand les jeunes de 3eme interrogent les différentes équipes défis, c’est de la fraicheur et du bon sens qui débarque. Chacun apporte une pierre à l’édifice collectif. Les chercheurs et étudiants ont un regard distancié. Les gestionnaires gardent en tête les modalités pratiques.
Les temps, les rythmes, les envies, les compétences de chacun se mélangent. C’est peut-être le rôle de la nuit qui permet d’abaisser les barrières et les résistances. Quand la fatigue gagne, chacun lâche et se centre sur l’objectif du collectif. La nuit tout devient possible.