Voici l’ouvrage de deux économistes qui analysent la colère montante des classes moyennes. Celles-ci sont les grandes perdantes des bouleversements actuels. Elles subissent le sentiment de déclassement, la précarisation, le creusement des inégalités, la peur d’être débranchées et remplacées par des robots. L’ubérisation et les emplois de service accompagnent une bipolarisation de la société avec ses gagnants occupant des emplois qualifiés et ses perdants occupant des emplois de service peu qualifiés. Le monde industriel diminue. Dans le même temps, numérisation et robotisation (6 millions de robots industriels anticipés pour 2025) stimulent la productivité. Les salariés partagent les risques, mais pas les rentes. La destruction créatrice théorisée par Schumpeter est un leurre. Le succès du modèle allemand se fait sur le dos de 7,65 millions de travailleurs précaires ou pauvres. Les politiques publiques économiques semblent impuissantes à corriger cet engrenage. L’irruption de l’intelligence artificielle en est à ses balbutiements et risque encore d’accentuer la bipolarisation à l’œuvre. La théorie du ruissellement postulant un réinvestissement des plus riches vers des besoins et services nouveaux créant des emplois reste à vérifier. Par contre les modèles de protection sociale Français et Italiens offrent une résistance aux partages des bénéfices en déséquilibres en faveur des plus riches dans les pays asiatiques ou de l’OCDE (par exemple 1% des plus riche possèdent 22% des revenus nationaux aux USA pour 11% en France). Toutes ces protections sociales sont actuellement en cours de discussion. Il est aussi observé le rôle des monopoles qui se sont constitués avec Internet et sont désormais plus riches que des états (Facebook est capitalisé à 3250 milliards de dollars soit 1,5 fois plus que le PIB Français). La question du franchissement d’un seuil de tolérance par les salariés se pose tellement la hausse du coût de la vie est devenue insupportable et le logement couteux. La révolte peut aussi prendre la forme d’une dégradation quotidienne du vivre ensemble. Le salariat demeure une forme de protection face à des micro-jobs ou emploi précaire. La participation de tous au profit, la formation grande cause nationale, l’invention de nouveaux métiers, la création d’un nouveau capitalisme européen recalant la place des actionnaires. En France il s’agira de revoir deux articles du code civil de 1832 et 1833 qui fondent la définition même de l’entreprise interdisant à un dirigeant de prendre en compte d’autres intérêts que ceux de l’actionnaire. De nombreuses incitations à des comportements vertueux pourraient aussi être promues pour éviter des licenciement abusifs ou spéculatifs. En résumé un ouvrage qui essaye de comprendre les causes des excès du capitalisme et de proposer des solutions à sa dérive.
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Et si les salariés se révoltaient ?, Patrick Artus, Marie-Paule VIRARD | Fayard
Au tournant du siècle, l'Occident se rêvait sur les chemins de la croissance et du progrès, porté par la mondialisation et la révolution...
https://www.fayard.fr/et-si-les-salaries-se-revoltaient-9782213709352