Dans son ouvrage le journaliste du Financial Times David Goodhart essaye de décrire l'opposition qui se dessine entre deux peuples.
Il décrit le premier par "Somewhere". Ou "peuple de quelque part". Ce peuple est marqué par l'enracinement, des identités attribuées, l'occupation d'un territoire, la tradition. Il joue des solidarités de proximité des liens familiaux, de l'attachement à la terre et à des valeurs. Il voit le monde et son internationalisation avec prudence voire avec méfiance. Il subit des décisions qui touchent les territoires sans guère disposer de prise dessus.
Il propose le mot "anywhere" pour décrire "les gens de n'importe où", plus instruits, plus mobiles, cherchant la conquête du monde, la découverte des grands espaces et des opportunités mondiales. Les liens sont internationaux, les intérêts et les enjeux sont délocalisés.
Ce clivage s'efforce de dépasser la dichotomie gauche droite mais n'est pas sans nous rappeler la distinction entre les liens communautaires subis et les liens sociétaires choisis (Geimenschaft et Geiselschaft) que décrivait déjà le sociologue Tonnïes en 1887 en distinguant deux façons de s'associer des humains et qui si l'on pousse un peu la caricature oppose ceux des villes et centres urbains et ceux des campagnes.
Peut être qu'une recréation de la société viendra d'une troisième catégorie qui pourrait se nommer "ceux d'ailleurs" dont l'identité se construit dans de nouveaux imaginaires et de nouvelles utopies.