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APPRENDRE AUTREMENT

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APPRENDRE AUTREMENT est le blog dédié aux approches innovantes de la formation dans les organisations


M. Authier & P. Lévy (Dir), Les arbres de connaissances. Paris: La Découverte.

Publié par CRISTOL DENIS sur 9 Décembre 2020, 05:06am

Catégories : #arbre de la connaissance, #savoir, #knowledge, #apprenance, #Fiches de lecture

L'hypothèse d'arbre de la connaissance est  intéressante cependant,  l'idée pourrait paraître séduisante mais je suis en questionnement  sur plusieurs points de raisonnements 
1) j'ai l'impression d'un usage indifférencié des mots savoirs et connaissances, pour moi ce sont deux notions différentes contrairement à l'anglais qui utilise seulement knowledge. La connaissance est une incorporation personnelle, une compréhension (cum prehendere prendre avec soi), pour moi il y a donc une première confusion avec le savoir qui est impersonnel, communautaire, extériorisable. Imaginer un arbre de la connaissance est donc penser la possibilité d'un partage de l'intime, ce n'est pas seulement un partage ou une adhésion sociale et sa reconnaissance, c'est la mise en commun de choses que parfois l'on ne sait même pas exprimer. Polanyi nous dit "on en sait plus que l'on ne sait dire". Il y a en effet des apprentissages informels tacites, diffus, souterrains, développés au détour d'autres activités qui restent inconscients
2) la compétence est comprise comme une propriété individuelle, alors que la dimension situationnelle est essentielle. Avec un changement de contexte un professionnel peut être complétement incompétent pour le même travail à exécuter. Le changement de contexte compris comme rythme, culture (nationale ou professionnelle, situation géographique, trajectoire individuelle, importance du collectif), habitudes, croyances et rituels est tellement importante qu'imaginer un noyau transposable partout paraît délicat. Plus le contexte varie, plus les points d'appuis diminuent
3) la représentation arborescente sous-entendue par l'idée d'arbre renvoie à des hiérarchies et des organisations qui se distinguent finalement assez peu des disciplines traditionnelles telles qu'initiées par Von Humbolt au XIXéme siècle. il me semble que chacun fabrique son sens à sa mesure selon son histoire 
4) l'ambition collective de la connaissance  telle que proposée fait fi des savoirs apportées par la phénoménologie, chacun construit son monde à sa mesure (cf les travaux d'Augustin Berque). Que le référentiel ou le point de comparaison ou de lien ou d'association soit une arborescence ou un référentiel de diplôme ne change rien à l'affaire. Nous construisons chacun nos représentations, nos repères et nos prises. 
5) la vision de l'être humain est ainsi libellée chapitre 10  "tout être humain, jusqu’à sa mort, peut être considéré comme un réservoir, un capital de connaissance qui n’a jamais fini de croître" cette idée est un parti-pris probablement issu d'un paradigme néo-libéral d'une croissance sans fin, faisant d'un humain un réservoir sans fin. J'y oppose l'idée du désapprentissage et de la plasticité cérébrale et comportementale indispensable pour apprendre des choses nouvelles. Ne sommes nous pas plutôt en train de muer abandonnant d'anciennes croyances pour en adopter de nouvelles en fonction du récit que nous faisons de notre vie , ou des expériences traversées? La sagesse ne consiste t-elle pas plutôt que cette logique de cumul à lâcher des choses superflues, y compris des connaissances qui avec le temps s'avère fausse sou dommageables? 
6) dans le chapitre 11 un système est proposé pour élaborer des arbres de la connaissances séparant les apprenants, les savoirs élémentaires et les communautés, cette distinction participe de la tradition de Descartes séparer pour mieux distinguer, cependant elle me semble peut  opérante, plutôt que de séparer l'urgence est de lier  de penser en flux et non en élément à raccorder. Le raccordement fonctionne probablement mal car soit il est arbitraire au concepteur du système qui impose sa vue, soit il est si spécifique qu'il ne parle à personne. La difficulté est celle de deux personnes partageant un paysage chacun voit le sien en fonction de qui il est. Un peu d'entendement commun naît par le dialogue plutôt que par la proposition théorique de l'un qui engage immédiatement un débat oui je suis d'accord ou non je ne suis pas d'accord. Je préfère alors avancer sur une éthique du dialogue que sur un système pensé par des théoriciens et généralisable à tous  
 
 
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