Depuis le XVIIe siècle, la pensée occidentale s’est appuyée sur des modèles qui cherchent à expliquer le monde par des états fixes et des chaînes causales rigides. Ces approches, bien qu’efficaces dans certains contextes, tendent à figer la compréhension du réel, en le réduisant à des relations simplifiées entre des entités isolées. Cependant, le vivant, les sociétés humaines et même les phénomènes naturels ne se conforment pas à ces découpages. Ils se caractérisent par une continuité insaisissable dans des cadres statiques.
L’épistémologie contemporaine propose des alternatives pour comprendre le monde autrement. Les approches systémiques, initiées par Edgar Morin et Ludwig von Bertalanffy, soulignent que ce que nous appelons un « système » n'est pas simplement une somme de parties, mais un tout indivisible, doté de propriétés qui n'existent qu'à cette échelle. Par exemple, la résilience d’un écosystème ne peut être expliquée en isolant ses composants, mais en le considérant comme une totalité en perpétuelle adaptation.
La mésologie, développée par Augustin Berque, remet également en cause les cadres analytiques. Elle insiste sur le fait que l’être humain et son milieu ne peuvent être séparés sans altérer leur signification. Ce rapport indissociable révèle que la réalité est co-émergente : elle ne se donne pas comme un objet neutre, mais comme un phénomène vécu, transformé à mesure qu’il est perçu et habité. Cette vision évite de découper le monde en événements successifs et privilégie une compréhension où tout se vit dans une continuité relationnelle.
Les travaux de Francisco Varela sur la cognition incarnée renforcent cette perspective. Contrairement à une approche où l’esprit serait un observateur extérieur, Varela montre que la connaissance est toujours située dans un corps et un environnement. Elle n’est pas un résultat figé, mais un engagement actif avec un réel qui ne cesse d’échapper aux tentatives de catégorisation définitive. Cela met en lumière l’idée que comprendre, c’est habiter le monde, et non simplement l’analyser.
Ces réflexions convergent pour critiquer les modèles qui figent la compréhension du réel dans des cadres d’états ou d’enchaînements prédéfinis. Elles invitent à embrasser un monde où la continuité et la relation prennent le pas sur les découpages artificiels, rendant nos savoirs plus souples et plus proches de la réalité mouvante que nous habitons.
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