L'esprit critique, ce principe central de la pensée occidentale depuis l'Antiquité, s’est toujours construit comme une résistance à l'évidence et à l'autorité, un moyen de questionner la nature des choses et de transformer le monde. Cependant, à l'ère de l'intelligence artificielle (IA), cette faculté est mise à l'épreuve par des technologies qui automatisent une part croissante de la cognition humaine.
L’IA semble avoir la capacité d’augmenter l’efficacité de la pensée humaine dans sa capacité de calcul et de compilation tout en soulevant des questions essentielles : l’humain reste-t-il maître de son jugement face à ces machines qui génèrent des solutions à partir de données objectives?
Trois philosophes Dewey, Heidegger, et Emerson, au-delà de leurs différences philosophiques apparentes, développent une réflexion commune sur la manière dont l’individu interagit avec le monde, les dangers des structures sociales et techniques qui peuvent opprimer l’autonomie humaine, et la centralité de l’expérience et de l’action dans la construction de soi. Tous trois considèrent que la pensée critique, loin d’être un simple outil de rationalisation, doit être vécue comme un acte créatif, dynamique et incarné.
Si Dewey voit la pensée critique comme un moyen de transformer la société, Heidegger et Emerson, eux, insistent sur la nécessité pour l’individu de maintenir une relation authentique avec lui-même et avec le monde, en refusant de se laisser submerger par les forces externes, qu’elles soient technologiques, sociales ou rationnelles. Ces trois auteurs nous aident à appréhender l’IA, qu’ils n’ont pas connue, à l’aune de l’expérience humaine. la suite ...