Nous en savons trop. Nous sommes saturés. Nos réseaux de neurones sont sous tension. Mais, comment donc faire circuler un peu de neuf quand nos circuits sont au bord de la surchauffe. Comment garder une part de vide quand un flux de zéta-octet se déverse sous nos yeux. Quelle petite place laisser à la surprise, à l'inconnu, au détournement?
Nous sommes sur le qui vive. Une information chasse l'autre. Nous sommes partout. Avec nos téléphones portables nous avons le don d'ubiquité. Nous consultons une base de données et nous voilà savant pour quelques instants. Le stress nous guette, mais nous voulons toujours tout savoir. Nous nous connectons sans fin à nos messageries qui finissent par participer de notre cablage neuronal. Prenons nous le temps de laisser la pile se recharger? Non plus. Plus nous pouvons accumuler, plus nous avons le sentiment de maîtriser le monde qui nous entoure. C'est notre petite récompense. Chaque petite récompense stimule nos neurones, nous contente et nous rend accroc. Alors pourquoi ignorer? Pourquoi désapprendre?
Pourquoi? Mais parce que nous sommes au bord de l'implosion. Dans le film "La grande bouffe" c'est le trop plein de nourriture qui tue les personnages, aujourd'hui c'est l'infobésité qui nous intoxique. Avec nos gadgets électroniques, toujours plus nombreux, toujours plus attrayants nous sommes toujours connectés. Imposons nous une cure de silence. Débranchons. Papillonnons. Prenons le temps de laisser nos émotions s'exprimer plutôt que cette part de notre cerveau qui cherche toujours plus d'information. Respirons. Adoptons des pratiques méditatives. Concentrons nous. Faisons attention à quoi notre attention s'attache. Détachons chaque événement au centième de seconde. Ralentissons un peu. Refusons d'être à la pointe (ça pique). Accordons nous des pauses. Laissons entrer une part de vide en nous. Expirons à fond. Apprenons à désapprendre pour nous émerveiller à nouveau et retrouver l'émotion d'un monde tout neuf.