Les auteurs sont historien, professeur en sciences de l’éducation, juriste, ou sociologue. Ils ont ici réuni leurs contributions de chercheurs pour éclairer le nouveau mot d’ordre de la politique économique et sociale européenne. En effet, quel sens donner au slogan « la formation tout au long de la vie ? ». Ces auteurs se sont replongés dans des archives de grands acteurs socio-économiques d’après guerre et les ont mis en perspectives avec des prises de positions actuelles. Ils défendent la thèse selon laquelle la formation tout au long de la vie est associée à l ‘institutionnalisation du dialogue social. Ce qui finalement s’inscrit dans la continuité des réformes engagées trois décennies plus tôt. Leur démonstration se développe en 7 chapitres qui sont autant d’idées clés pour comprendre les intentions des différents acteurs sur le projet formation. Tout d’abord le concept de formation se serait forgé après guerre comme pour réussir la « fabrication d’un bien universel ». Les intentions sous-jacentes repérées par les auteurs seraient de contourner l’appareil scolaire et le corps enseignant, de rassembler les milieux sociaux éloignés les uns des autres autour d’un projet de société moderne visant la croissance économique et la démocratisation. Les pionniers se sont efforcés de créer des perspectives et ont agi au sein d’institutions comme le GARF, l’ANDCP. Ils ont façonné des approches pédagogiques nouvelles pour convertir les mentalités. Le deuxième chapitre s’intitule « Entre autonomie et intégration la formation syndicale à l’université ». Il vise à montrer le rôle de la formation syndicale dans une partie des représentations actuelles afférentes à l’idée de formation continue. Dés les années 50 il y a croisement entre formation syndicale initiée par le milieu ouvrier lui-même et l’offre de certaines universités de démocratiser les savoirs. La création en 1957 du congés d’éducation ouvrière, montre déjà la volonté de constituer les syndicats en interlocuteurs responsables pour participer à des activités de gestion d’organismes paritaires tels que la sécurité sociale. « La formation au travail une affaire de cadres » est la troisième idée développée. Deux besoins se rencontrent le premier se situe dans le perfectionnement individuel volontaire et la promotion ouvrière, le deuxième est exprimé par les grandes entreprises qui ont besoin de cadres pour développer le modèle productiviste américain. En effet en 1954, seule 6% de la population est repérée comme cadre et parmi eux prédominent les autodidactes. La formation aurait alors été un moyen de développer des « élites réformatrices » tout en pourvoyant les entreprises des compétences dont elles ont besoin pour accélérer leur développement. La réussite du système de formation professionnelle s’accélère avec les lois sur la formation de 1971. Le chapitre consacré à « Informer pour faire adhérer » montre toute l’importance de la création d’un système d’information dont le premier maillon fut le CNIPE devenu plus tard Centre INFFO. La encore le rôle d’acteurs engagés et militants s’avère décisif pour qu’une mission d’information sur la loi se transforme en structure pérenne et anime aujourd’hui un réseau. Le chapitre sur la construction d’un droit de la formation professionnelle des adultes montre l’introduction successive des nouveaux dispositifs et l’inflexion de sens donné aux différentes périodes. Ainsi une des constantes repérée est le flou des notions juridiques désignant les finalités de la formation telles que par exemple le terme promotion sociales introduite en 1959. L’intérêt de ce flou permettant finalement de débattre et d’orienter l’action avec des intentions variant en fonction des circonstances. Les finalités évoluant, le cadre juridique est aussi impacté. Les règles d’organisation passent de la coordination étatique à la politique contractuelle. La morcellisation et l’individualisation du droit de la formation sont les dernières évolutions observées. Le chapitre suivant essaye de redonner sa juste place à l’éducation nationale dans la formation professionnelle des adultes. La tradition de l’enseignement technique, les cours du soir ou de perfectionnement, le rôle du CNAM y sont ainsi mis en valeur. « De la négociation entre partenaires sociaux au dialogue social entre partenaires » est un chapitre conclusif. Un des apports de ce groupe de chercheurs réside dans l’idée qu’aujourd’hui comme dans les années antérieures à 1970, les discours sur la formation développant des notions comme aujourd’hui le « lifelong learning », « lifelong education », « société cognitive » ou « société d’apprentissage » sont souvent pris comme un discours du réel et non pour ce qu’ils sont des discours programmatiques. Finalement la formation apparaît tout au long de l’ouvrage ; des lois mythifiées de 1971 à nos jours comme un instrument au service des relations de travail.