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APPRENDRE AUTREMENT

APPRENDRE AUTREMENT

APPRENDRE AUTREMENT est le blog dédié aux approches innovantes de la formation dans les organisations


Gourmelen Bernard (2008), La validation des acquis de l’expérience, L’harmattan, Paris

Publié par CRISTOL DENIS sur 27 Novembre 2010, 08:18am

Catégories : #Fiches de lecture

  

 

 

Bernard Gourmelen travaille au sein de l’AFPA il est titulaire d’un DESS en sociologie et développement des organisations . Il s’est spécialisé dans le domaine de la validation des acquis de l’expérience depuis 1998. Il s’attache à construire le concept d’expérience réflexive. L’ouvrage est organisé en 6 parties.

La préface nous rappelle le choix de l’AFPA d’organiser la VAE comme une « démarche d’observation critériée d’une activité professionnelle » dont l’objectif est de concilier la réussite des candidats et la valorisation des titres. La VAE vise à déterminer la meilleure façon de constater l’effectivité des compétences professionnelles détenues au regard d’un référentiel de compétences pré-existant. Le chaînage entre formation et confrontation au travail doit être cohérent et harmonisé pour rassurer les professionnels, c’est pourquoi la validation en situation de travail a été privilégiée.

La première partie traite de la certification par la validation des acquis de l’expérience. Il s’agit ici de présenter le dispositif dans sa perspective historique en partant des premières expérimentations anglaises, des certificats de compétences professionnelles, de la VAP et de rappeler que l’idée de VAE repose sur la prise en considération des savoirs acquis lors de la réalisation d’activité. Le dispositif juridique est spécifié, les prérequis, les titres accessibles, le rôle des jurys, la certification (authentification de l’acte attestant une référence), le parcours d’un usager de la VAE, l’engagement spécifique de l’AFPA. Gourmelen présente la fonction sociale de la certification. Le premier point est constitué de l’évaluation qui permet de porter un jugement sur la valeur de l’exercice réalisé. Le deuxième de la reconnaissance professionnelle qui est l’action d’admettre comme vraie réelle, légitime. Pour qu’il y ait conception d’une reconnaissance il faut au sujet une prise de conscience professionnelle. Elle correspond à la reconnaissance de l’identité qu’à le sujet de la place qu’il occupe dans une situation objective donnée. Evaluation et validation sont des enjeux importants pour les sujets par rapport au processus de définition des positions et de distribution des individus dans les systèmes sociaux. Incidemment validation, certification et reconnaissance ont un effet sur la motivation des personnes. La fonction de certification possède également une dimension rituelle. Elle procède d’un rite de passage qui fixe et marque le déroulement d’une transition.

La deuxième partie s’efforce à établir le concept d’expérience réflexive. Tout part de l’idée de formation : donner une forme, but principal de l’éducation. L’éducation comprend la pédagogie et l’andragogie, selon que l’on parle des enfants ou des adultes. L’auteur rappelle ensuite dans son cadre d’analyse le sens qu’il donne à l’apprentissage, à la qualification, aux classifications, aux compétences au métier et à la déclinaison des savoirs (pratiques, sociaux, dans l’action, sur l’action, pour l’action, agir, mobilisés. L’expérience professionnelle est située dans ses dimensions philosophiques comme « tout ce qui est appréhendé par le sens et qui constitue la matière de la connaissance humaine : ensemble de phénomènes connus et connaissables » (Le petit Larousse). Mais l’expérience relève aussi d’un éprouvé singulier, d’un contrôle et d’une évaluation des effets . L’expérience connaît des attributs comme l’immédiateté, le contenu intrinsèquement qualitatif, le caractère personnel et privé, la dimension absolue, authentique et incontestable. L’expérience peut désigner les pratiques professionnelles. La pratique étant l’application et la mise en oeuvre des règles, des principes d’une science d’une technique. Selon Aubert-Lotarski[1], il est encore possible de décomposer l’expérience en 4 caractéristiques :

-          l’expérience est subjective

-          elle possède un caractère imprévisible

-          elle amène le sujet à être confronté à son milieu d’appartenance et au milieu d’appartenance de la situation : il s’agit d’une médiation sociale

-          chaque expérience vécue s’articule avec l’ensemble des expériences du sujet : la médiatisation expérientielle

L’apprentissage expérientiel réunit trois conditions : la continuité, l’interaction et la réflexion active du vécu. « L’expérience appartient à celui qui l’a vécue, elle est donc unique et indiscutable »  (Gourmelen 2006 p 115).

Le travail réflexif provoqué par la VAE nécessite de réaliser une analyse de sa pratique professionnelle. Il s’agit d’apprendre à expliciter ce qui est fait, comment cela est fait, pourquoi cela est fait, quels regards sont portés sur ce qui est fait pour corriger ce qui a pu être fait et pour réaliser ce qu’il y aura à faire. L’identité du sujet engagé dans une VAE est marquée par la réflexivité. Les identités ont fait l’objet de nombreuses recherches et analyses. Au sens premier l’identité est le fait qu’une chose est la même qu’une autre.

D nombreux sociologues se sont penchés sur le concept d’identité, montrant particulièrement qu’un individu est ce qu’il est par confrontation à un groupe dans lequel il se reconnaît ou bien par opposition à un groupe qui n’est pas celui dans lequel il s’identifie. L’école de Chicago (Goffman, Mead) place l’identité dans la construction des relations interpersonnelles, Sainseaulieu présente l’identité au travail qui se construit dans la découverte des relations de pouvoir. La définition de l’identité renvoie à des notions d’intégration ou d’exclusion. l’identité peut encore se basée à un sentiment d’individualité, une impression de singularité, une continuité dans l’espace et dans le temps de la même personne(Marc sciences humaines hors série n°15 1996/1997) :

-          La façon dont se ressent (image de soi)

-          La façon dont on se voit (la représentation de soi)

-          La façon dont on peut se décrire (l’estime de soi)

-          La façon dont on s’évalue (la continuité de soi)

-          La façon dont on se sent semblable en changeant (le soi intime)

-          Le soi intime (celui qu’on est à l’intérieur)

-          Le soi social (celui qu’on montre aux autres)

-          Le soi vécu (selon que l’on ressent être)

-          Le soi idéal (celui qu’on voudrait être)

 

 

Courants de pensées sociologiques

Identité individuelle

Identité collective

Durkeim

Identité individuelle

Identité sociale

-          transmission d’une génération à l’autre

-          initiation = être social

Laing

Identité pour autrui

Identité pour soi

Berger et Luckman

Socialisation primaire identités sociales virtuelles

Socialisation secondaire

Identités sociales réelles

Goffman

Attribution de l’identité par les institutions et les agents directement en interaction avec l'individu

Intériorisation active

Incorporation de l’identité par les individus eux-mêmes

Dubar

Actes d’attribution

Quel type d’individu êtes vous ?

Identité revendiquée, dentité reconnue

Actes d’appartenance

Quel type d’individu voulez vous être ?

Identité héritée

Identité visée

Transaction relationnelle

Transaction biographique

Interaction entre les individus et les institutions

Transaction avec soi-même

Interaction avec soi-même

 

Selon les sociologues du courant interactionniste (en particulier Dubar), l’identité est sans cesse en construction remise en cause et en perpétuelle.évolution.

L’expérience réflexive est particulièrement exacerbée dans la VAE, processus par lequel il est demandé d’expliciter ses acquis de l’expérience, en décrivant de manière critique comment ils ont été acquis. « La notion d’identité réflexive est fondée sur la capacité du sujet à présenter et à argumenter des définitions de soi à partir d’une introspection sur ce qu’il a réalisé en lien avec des appartenances communautaires».

La verbalisation de l’expérience, sa mise en mot, permet la prise de conscience par le sujet des savoirs expérientiels »

La réflexivité est présentée comme une pratique qui permet de montrer que l’action et la situation sont inextricablement liées. La réflexivité relève de la réflexion, du retour sur soi, de la pensée, de la conscience.

La réflexivité peut porter sur :

-          l’action : pour modéliser des situations vécues, mieux les comprendre, mieux comprendre d’autres situations, anticiper des nouveautés

-          soi : mieux comprendre ce qui me pilote, mieux se connaître, mieux connaître sa position par rapport aux autres

-          relation avec les autres : reconnaître ses propres fonctionnements  comme une des façons possibles d’interagir avec les autres

-          l’identité personnelle : se concevoir comme acteur et pas seulement comme un applicateur, percevoir ses marges de liberté, son autonomie, ses prises de risques les assumer et les reconnaître

 

Pour cela le sujet doit mettre en œuvre des attitudes spécifiques telles que : accorder de la valeur à ses savoirs, éclairer ses implicites, accepter de remettre en cause son fonctionnement  et prendre du recul par rapport aux situations.

La démarche de  réflexivité se décomposerait en plusieurs phases[2] :

-          évocation

-          description contextualisée

-          analyse interprétative

-          recherche des possibles

-          décisions

-          passage à l’acte

 

La réflexivité est associée à la conscience.

Giddens (1987)[3] dans le cadre de sa théorie de la structuration du sujet évoque :

-          la routinisation : l’acte non conscient

-          la conscience pratique : l’acte conscient

-          la conscience discursive : l’acte expliqué

-          la rationalisation de l’action : l’acte compétent

 

Sur l’archétype de la triade non-conscient – préconscient – conscient il a été possible de construire une triade de la réflexivité : non-réflexivité – préréflexivité – réflexivité. Alors que le stade de la non réflexivité caractérise un stade d’exécution, le stade de réflexivité correspond pour une personne à la capacité de pouvoir interpréter l’action. La capacité de réflexivité fait appel au reflet de soi dans l’action. L’identité réflexive s’élabore par la prise de conscience par soi et par les autres de ce qu’on est dans une situation professionnelle précise.

La validation des acquis de l’expérience favorise la capacité à se construire une identité de forme réflexive  par un travail de type réflexif au travers des éléments suivants :

-          une pratique expérientielle conséquente, la réalisation des actes en situation

-          une capacité à analyser ces situations et à les expliciter

-          un désir d’être reconnu comme exerçant un métier

-          une conscientisation de cette pratique lors des phases de préparation aux évaluations par la mise en forme écrite et orale de celle-ci

-          une mise en œuvre de cette pratique devant ses pairs et une validation par ces professionnels par la qualification obtenue

-          une meilleure estime de soi



[1] Aubert-Lotarski A, L’expérience professionnelle : une condition du professionnalisme ? Le point de vue  des sciences de l’éducation, Université Marc Bloch, Strasbourg II

[2] Documents du site internet du CEFoPEF (centre d’études et de formation pour enseignants et formateurs) – facultés universitaires de Notre dame de la Paix de Namur – Belgique)

[3] Giddens A (1987), La constitution de la société, PUF, Paris

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