Un "Que sais je?" pour nous parler de la formidable école de sociologie de Chicago qui débutant dès la fin du XIXéme siècle
a marqué la sociologie mondiale. Alain Coulon professeur à l'université de Paris VIII nous en raconte l'hsitoire. Lorsque l'université de Chicago est crée en 1892, la ville
comptait 1 100 000 habitants, alors qu'elle n'en comptait que 4 740 en 1840 et qu'elle en dénombrera 3 500 000 en 1930. L'école de sociologie de Chicago sera l'histoire de la croissance d'une
ville et de l'immigration américaine. Cette sociologie urbaine connaitra son heure de gloire entre 1915 et 1940. Cette sociologie s'intéresse à la ville aux migrants européens, aux grandes gréves
ouvrières, à l'assimilation, à l'architecture (la ville a connu un immense incendie en 1871 et sera entièrement reconstruite). Les faits sociaux sont ancrés dans la vibration d'un environnement
sans cesse en mouvement.
Si l'école de sociologie est tournée vers l'action sociale, c'est peut être parce que ses fondateurs et dirigeants Harper et Small sont marqués par le protestantisme. Cette inclinaison se sent dans les influences intellectuelles et philosophiques qui puisent au pragmatisme, à l'interactionnisme symbolique et place l'acteur social pour la première fois comme l'interpréte du monde qui l'entoure.
Les grands thémes abordés sont la désorganisation sociale, la déviance, les processus de démoralisation et d'assimilation. A l'occasion d'ouvrages comme "The polish peasant" les sociologues de Chicago consolident des concepts comme celui de "situation" qui dépend à la fois de l'ordre social tel qu'il se présente à l'individu et de son histoire personnelle. Les oeuvres les plus marquantes de l'école de Chicago sont toutes consacrées à la question de l'immigration et de l'intégration des immigrants dans la société américaine. Par exemple, le cycle des relations ethniques établi par Park est un repérage de 4 étapes : la rivalité, le conflit, l'adaptation et l'assimilation. Avec un tel melting-pot des tensions raciales surviennent. Des sociologues noirs sont formés et travailleront sur les problèmes raciaux et ses conséquences (émeutes) pour trouver des solutions. Les approches privilégiées favoriseront l'observation sur le terrain, des interviews et des histoires de vie. D'autres études seront entreprises pour mieux comprendre les populations asiatiques.
D'autres concepts seront forgés tels que la distance culturelle, l'homme marginal qui cherche à élucider la question de la transition entre culture d'origine et culture d'adoption. L'acculturation est alors définie comme "un cycle de relations raciales et ethniques".
Un autre grand théme d'étude, la criminalité, s'inspirera des gangs de Chicago. La thése de doctorat de Frederic Thrasher estime à 25 000 le nombre de jeunes hommes et adolescents appartenant à des gangs en 1920. La dispersion spatiale des gangs serait liée à l'existence d'interstices entre quartiers urbains anciens et riches et quartiers des classes moyennes en périphérie. L'origine spontané des gagngs est étudiée de même que leur fonctionnement le rôle et le statut des leaders. Les typologies des gangs et leur vie quotidienne sont analysées. Les études montrent une énergie inemployée et aucin modèle social désirable. L'appartenance à un gang serait lié à la désorganisation sociale, au manque d'ambition réalisable, ou à une faible imagination d'un futur souhaitable. La guerre des gangs de 1924 suscite des études de la part de Landesco pour lequel le gangster est le produit de son environnement. Il montre les collusions des gangsters avec les hommes politiques et l'installation de la criminalité organisée. L'étude sur des gangsters comme "Stanley le détrousseur" ou "Sidney le violeur" va consacrer un nouveau dispositif de recherche sociologique : l'histoire de vie. Les récits autobiographiques de voleurs montrent comment ces derniers "se professionnalisent" en groupe et parachévent leurs techniques.
Pour conclure les recherches et études menées à Chicago vise à étudier la société dans son ensemble par le moyen des interactions entre les différents acteurs qui se confrontent dans la ville. Pour appréhender ces phénomènes ce sont essentiellement les méthodes qualitatives qui sont utilisées : documents personnels, enquêtes de terrain, autobiographie, récit de vie, interview, témoignage, observation participante. Cette sociologie "de l'intérieur continue à occuper un espace alors même que les approches quantitatives n'ont cessé de se développer.
Le bonus (8 ' en anglais)