Les auteurs tous deux docteurs en sciences psycho-pédagogiques s'intéressent aux habitudes sociales incorporées qui jouent avec force sur le développement de tout individu. Ils cherchent à montrer le rôle de l'éducation "une violence symbolique" sur le développement de l'identité d'un individu.
Trois chapitres composent l'exposé.
Le premier chapitre brosse une approche théorique de l'éducation implicite. Les images guidantes et les pratiques éducatives parentales sont mobilisées pour expliciter comment les informations sont agencées. Les différents processus à l'oeuvre sont décrits la socialisation intime, les habitudes, le conflit de schèmes, l'intériorisation et l'incorporation, le carré dialectique, la réflexivité individuelle, la réflexivité sociale et les contraintes de la mémoire sociale, l'éducation implicite dans le carré dynamique, la transmission de la vie psychique, l'éducation implicite en situation de précarité, le sentiment d'inefficacité personnelle.
Le deuxième chapitre a pour objet de nous éclairer sur l'éducation nouvelle et les logiques d'insertion. C'est ainsi que la nouvelle modernité est annoncée, le débat entre rationalisation versus subjectivation est précisé, de même que le débat entre explication universelle et responsabilité individuelle. Les tendances du primat du pragmatisme et la généralisation de l'hédonisme sont situées dans une époque marquée simultanément par une crise institutionnelle et le retour de l'éthique. Dans ce contexte les trajectoires biographiques familialistes, fonctionnalistes, héritants, contractualistes, prothésistes prennent leurs significations. Le débat sur la reproduction n'est pas oublié. Il intégre des constats et de nouvelles analyses incluant le concept de résilience.
Le troisième chapitre rassemble les principaux constats sur la construction de l'identité. Le paradigme des besoins sociaux qu'ils soient affectifs, cognitifs, sociaux ou idéologiques sont rappelés. L'outillage d'une analyse descriptive comprenant des questionnaires et l'analyse univariée ou multivariée est précisée. Ce temps de précision de la méthode permet de comprendre la portée des analyses hiérarchiques ou implicatives et autorise à faire des relations entre le vécu psychosocial et la performance scolaire.
La conclusion revient sur les rôles essentiels de l'éducation implicite comme violence symbolique cachée. Elle témoigne de la façon dont un individu reformule en permanence son système éducatif, tout en gardant en mémoire des logiques familiales qui sont autant de points d'ancrages stables. Les parents répondent aux besoins psychosociaux de leurs enfants selon leurs modèles éducatifs de référence. Parfois ils sont capables d'adopter des pratiques d'autres groupes autorisant des trajectoires différentes. C'est là que les auteurs utilisent l'idée de résilience. Mais cette résilience est prise entre conformité aux groupes d'appartenance et mise en place d'une pensée créative. Les écarts sont parfois forts et s'étalent alors sur plusieurs générations. Alors pourquoi ne pas permettre aux parents de découvrir d'autres pratiques éducatives pour sortir de leurs habitus sociaux? Il s'agit en effet pour les auteurs de répondre à une variété de besoins psychosociaux. Ils montrent en effet qu'un lien est établi entre vécu psychosocial forgé par l'éducation implicite et performances scolaires. Il semble que la souffrance psychosociale (affective, cognitive ou sociale) ait des liens avec les résultats scolaires défavorables. Une solution proposée par les auteurs est de mettre en place des groupes de soutiens à la réflexivité quand les familles s'interrogent sur la dissonance entre leurs pratiques et les situations rencontrées.