Avec la possibilité de faire irruption sur un média tel qu’internet, voire même de produire des idées et de les diffuser via un blog, l’amateur conquiert sa part d’indépendance. Nul besoin de disposer de titre ou de faire valoir une lettre de créance ou bien encore d’activer un(e) attaché(e) de presse pour accéder à la tribune d’un journal pour s’exprimer. Chacun est aujourd’hui en mesure de dépasser les barrages qui filtraient et parfois censuraient l’expression individuelle. L’expert et l’amateur sont à cet égard à égalité de clavier. Le zoologiste patenté et l’amateur de poisson rouge baignent dans la même eau, surfent sur le même fil d’information. La rente académique conférée par un diplôme ou un poste en vue ne suffit plus pour capter l’opinion et promouvoir ses idées. Il s’agit d’avoir plus de fond. Non qu’il n’y en ait pas eu antérieurement internet mais parce que celui-ci peut être contesté, critiqué, interrogé. Il existe bien sur les forums ce que l’on nomme les »trolls » individus débarquant dans une conversation ouverte lâchant quelques insanités malodorantes ou conduisant les propos dans des eaux fangeuses. C’est certainement un mal nécessaire à une nouvelle forme de dialogue. Ce qui change aujourd’hui, c’est la possibilité d’interpeller directement tel journaliste, tel homme politique, tel chercheur. C’est l’émergence de préoccupations différentes ou en décalage avec des styles de discours convenus, que ces derniers soient journalistiques, politiques ou académiques. Gageons que cette prise de parole des amateurs va produire de nouvelles idées par friction de manières de penser, espérons que de ces débats vont s’extraire de nouveaux espaces d’expression autorisant des pensées plus personnelles, plus créatives, plus fécondes. A moins que les médias mis à disposition se limitent à faire des tweetanalyses, ne débouchent que sur une forme d’épouillement social où chacun s’épancherait sur son petit monde sous le regard goguenard des autres.