Site de l'Harmattan, éditeur :
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=34224
Interview Educ Pros sur l'ouvrage :
http://www.educpros.fr/detail-article/h/7465993fa4/a/denis-cristol-la-plupart-des-ecoles-ont-une-organisation-disciplinaire-et-sont-desarmees-dan.html
Recension dans HRONE
http://www.hrone.lu/index.php?option=com_content&task=view&id=5046&Itemid=80
Recension dans Focus RH
http://www.focusrh.com/livre-ressources-humaines/la-fabrique-des-managers.html
Le blog du campus
http://www.campus.ccip.fr/blog/2011/09/la-fabrique-des-managers-par-denis-cristol-directeur-de-la-formation-continue-a-novancia/
Carnet de veille du CFDT
http://travailformation.hypotheses.org/375
Une croyance tenace affirme on est fait pour être manager ou pas. Il y aurait là quelque chose tenant de la prédestination ou de la génétique. En France, le système éducatif contribuerait à repérer et lancer les futurs talents sur des rampes définitives. Cet ouvrage a pour ambition d’explorer comment se fabriquent les managers au-delà du seul vernis de la formation initiale. Cette fabrique se situe dans le contexte des processus de gestion qui écrasent l’ensemble des rapports sociaux et participent de la crise actuelle. Au cours de ces changements de repères la « figure » des managers tend à s’idéaliser se préciser et vient concurrencer la figure française des cadres qui poursuit sa démonétisation. Les modalités de fabrique des managers sont examinées au regard de leur éducation, de leur développement par la carrière, par apprentissages organisationnels et par la formation continue. Ces différentes modalités sont insuffisantes pour expliquer le développement des compétences humaines requises par une fonction de manager de plus en plus exigeante. C’est essentiellement par des apprentissages informels en situation de travail, en se frottant aux équipes, aux problèmes et aux clients que les managers apprennent leur « métier ». Ce qui se dévoile peu à peu de l’enquête, c’est un manager qui émerge et qui murit plutôt qu’un manager inné, charismatique ou doué de capacités singulières. Si la représentation de ce dernier a la vie dure, il faut le ranger au rayon des mythes. La contribution principale est la mise en évidence des liens entre l’identité des managers et leurs trajectoires. Le manager se transforme différemment avec ses croyances, sa vision du monde, ses valeurs selon qu’il est issu de l’enseignement supérieur de la formation continue, de la formation en alternance ou bien même qu’il est reconnu à l’occasion d’une Validation des Acquis de l’Expérience.
Si le terme fabrique choisi dans le titre sous-entend la prééminence de mécanismes sociaux dans la construction d’un « soi managérial », les choix individuels se révèlent essentiel tout au long des trajectoires professionnelles données en exemple. Chaque individu exerce son libre arbitre et ne fait pas qu’adopter la forme d’un moule. Chaque manager par l’expérience du travail infléchit son propre style managérial et influe en retour sur l’ambiance des équipes et le climat social de l’entreprise. Il donne et reçoit pour devenir ce qu’il est. Finalement, managers et société se fabriquent mutuellement. Managers et société sont comme le poivre et le sel. Ils sont indissociables. Les trajectoires de managers pris en exemple de jeunes issus de grandes écoles ou de vieux briscards montrent le rôle essentiel de la façon d’apprendre. « Dis-moi comment tu apprends, quelles relations tu entretiens au savoir et au monde et je te dirai quel manager tu es » est un adage adapté aux managers dans notre société de la connaissance. Puisque la transmission de savoirs par les écoles est insuffisante pour faire face à des situations humaines complexes. Il s’agit alors d’inventer de nouvelles pratiques pour donner à chacun la possibilité de se construire en tant que manager. Parmi celles-ci, il est possible d’évoquer les apprentissages en réciprocité, les apprentissages autodirigés, l’émancipation, la réflexivité, l’apprentissage de la critique. Grace à elles chaque individu peut se saisir de lui-même et éviter, la fameuse « reproduction » dénoncée par Bourdieu. Pour les éducateurs, formateurs, concepteur d’organisation et de dispositifs éducatifs ce qui devient important c’est de susciter le désir d’apprendre en combinant et proposant de nouveaux environnements d’apprentissage et pas seulement de transmettre la quintessence de leur savoir ou développer un ego-building aux conséquences parfois dommageables.
Denis CRISTOL est docteur en sciences de l’éducation. Il est directeur de l'ingénierie et des dispositifs de formation au CNFPT. Il est membre du comité scientifique de la revue SAVOIRS, secrétaire de l’Association Française de Réflexion et d’Echange sur la Formation, et co-responsable de la rubrique formation de la revue PERSONNEL. Il est l’auteur de 9 ouvrages de formation traitant de la formation des managers.