Le rêve d’une société qui communique harmonieusement à l’échelle de la planète précède les phénomènes actuellement observables. Les discours sur la société numérique sont le fait d’utopies fondées sur le lien, l’ouverture, l’accessibilité, des savoirs. Ces discours peuvent vanter l’ubiquité, ou projeter de nombreuses possibilités sur chaque usage sensés transformer notre quotidien.
D’une façon pragmatique, le numérique se révèle le choix de développement économique et social lié à l’exploitation des informations et des connaissances. Arpanet, TCPIP internet et web assure la promotion de l’interconnexion pour des visées militaires, techniques (échange) ou dans des visées de contre-culture (logiciel libre). C’est la vision d’Al Gore de développé lors de la campagne présidentielle « les autoroutes de l’information ». C’est encore l’idée du « village planétaire » métaphore proposée par Marshall Mac Luhan. C’est enfin une volonté collective d’organiser la société de l’information avec les sommets sur la société de l’information de 2003 et 2005.
Si l’utopie, les rêves, les insatisfactions, les opportunités économiques sont des moteurs du développement du numérique, il convient aussi de percevoir les écarts entre le rêve et la réalité. La réalité c’est aussi des fractures technologiques entre les pays, les générations, les exclus et les inclus technologiques. L’homogénéisation sociale la parité n’a pas lieu. La massification de l’accès est différente de la démocratisation des usages.
Les technologies numériques avivent également le débat de la liberté d’expression et de la surveillance. D’un côté la promesse de la liberté se déploie par un esprit libertaire, celui des hackers, des licences libres de droit, des logiciels libres, de la libre circulation d’informations entre les personnes, de la divulgation d’information confidentielle avec wikileaks. D’un autre côté la surveillance et la traçabilité s’organisent. Les traces laissées sur internet augmentent, la reconnaissance faciale, la vidéo-surveillance (4,2 millions de caméras en Angleterre un londonien est filmé 300 fois par jour), la démultiplication des bases de données et leur précision s’accroissent. Des sociétés commerciales (projet google street view), filment nos maisons et enregistrent les réseaux wifi. Une forme de surveillance continue s’instaure dans les espaces publics commerciaux et privés. La CNIL a fort à faire pour veiller aux abus et atteintes aux libertés individuelles. D’autant plus que les individus s’exposent et sont parfois naifs dans la gestion de leur identité numérique et dans les règles de sécurité de base.