Depuis le rapport Besson au premier ministre en 2008 puis le renforcement et le renouvellement des modalités d’accès à la VAE suite de l’accord national interprofessionnel du 7 janvier 2009, le thème de la VAE ne cesse de revenir sur le devant de la scène et d’être présenté comme une réponse aux besoins de qualifications des actifs les moins diplômés. C’est une équipe de l’école de Management de Grenoble qui s’attaque ici au sujet de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE). Le signal d’ouverture est fort car traditionnellement, les grandes écoles veillent jalousement sur les précieux diplômes ouvrant en France à toutes les promesses de carrière. L’angle adopté valorise la VAE comme un outil de développement des compétences. Deux parties composent l’ouvrage. la première explique le processus de la VAE, la seconde positionne la VAE comme un outil central du management des compétences de l’entreprise. La première partie décrit le potentiel et le processus de la VAE. Tout d’abord la VAE est présentée dans sa dimension historique, ses origines remonterait au dispositif de reconnaissance des ingénieurs autodidactes développé dés 1934, le dispositif compterait aujourd’hui 3500 ingénieurs reconnus de la sorte. Puis les bénéfices pour le candidat sont énumérés, la reconnaissance dans le milieu professionnel, l’ouverture sur la promotion interne, le raccourcissement d’un processus de formation, et le développement de carrière sont les principales motivations mises en avant. La question de l’accès à l’information et du choix du diplôme auquel confronter son expérience reste une question critique. Du point de vue de l’entreprise, si les avantages sont présents (fidélisation, aide à la mobilité, pérennisation des savoir-faire…), des inquiétudes subsistent, comme la peur d’enclencher des revendications sociales et salariales difficiles à maîtriser. Les points clés de la VAE sont alors passés en revue, à commencer par la constitution du dossier VAE, acte de réflexion et d’analyse qui vise à organiser un ensemble de preuves tout en ayant un esprit de synthèse et en décryptant les attentes d’un jury de VAE. La production d’un écrit s’avère une difficulté réelle qui nécessite le plus souvent un accompagnement qui peut s’apparenter à un guidage, du coaching voire même une forme de mentorat. Si les termes désignant l’accompagnement sont multiples c’est que celui-ci requière une flexibilité aux différentes phases rencontrées, tant dans le soutien à la motivation, qu’à des apports plus techniques. La démarche VAE repose sur un effort introspectif qui est à l’origine de la construction de son identité professionnelle mais également du développement de nouvelles compétences. L’un des principaux bénéfices observés repose en effet sur cette capacité de se dire et de s’affirmer. Cette compétence doit notamment se déployer lors des oraux de jurys de VAE, qui à la différence d’un jury à destination d’étudiants, dont les règles de notation sont parfaitement connues se réfère à une variété d’indicateurs et d’indices plus spécifiques à chaque jury. Le résultat du processus de VAE est l’émergence d’un nouvel acteur ayant produit une reconnaissance pour soi tout autant que pour les autres ou l’entreprise. La deuxième partie situe la VAE dans le paysage de la formation professionnelle et le rôle qu’elle joue dans le système des reconnaissances et qualifications en particulier dans la logique de la promotion sociale (années 70), puis logique d’adaptation à l’emploi (années 70-90), puis après les années 90 logique de l’individu acteur de sa formation et de son projet professionnel. L’actualité de la VAE est aujourd’hui celle de la professionnalisation. Du point de vue de l’entreprise la VAE est devenue une ressources nouvelles pour la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, elle est au cœur de la mobilité choisie des salariés et permet une sécurisation des parcours professionnels. La conclusion des auteurs plaide pour un usage qui améliore simultanément : la relation entreprise-salarié et la performance de l’entreprise, tout en aidant chacun à piloter son projet professionnel.