Le connectivisme est une théorie de l’apprentissage proposée par Siemens (2005). Elle s’intéresse à l’apport des nouvelles technologies dans l’apprentissage et plus particulièrement à l’interaction des communautés humaines en réseau.
Le connectivisme se présente comme une synthèse et une critique de trois théories souvent mises en avant pour décrire des interventions sur des environnements d’apprentissage:
- le behaviorisme et son modèle de la boite noire qu’il serait impossible de pénétrer. Dans cette théorie il s’agit moins de savoir comment l’individu apprend et plus de chercher à influencer son comportement,
- le cognitivisme s’appuie sur l’analogie du cerveau et de l’ordinateur. Des données externes à l’individu seraient encodées par un travail de construction de la mémoire. Les données en prenant du sens se transformeraient en informations et seraient alors internalisées. Elles participeraient alors aux constructions mentales propres à l’individu,
- le constructivisme stipule que l’apprenant apprend quand il essaye de comprendre son expérience,
La théorie du connectivisme se départit de ces théories car les phénomènes sociaux actuels transforment les cadres d’expérience. La théorie du connectivisme a été bâtie sur la base de constats de transformation des rapports aux savoirs. Les principaux constats sont que les apprenants évoluent dans une variété de disciplines tout au long de leur vie et que les apprentissages informels sont un aspect significatif de l’apprentissage. Par ailleurs, l’apprentissage est un processus continu qui dissocie de moins en moins les compartiments de la vie personnelle ou professionnelle. Enfin, par un flux continu d’informations à traiter la technologie altérerait nos cerveaux et notre façon de penser. Les organisations et les individus seraient des organismes apprenants. Ce parallélisme nécessiterait une attention plus grande aux liens entre individus et organisations. Pour finir, de nombreuses tâches cognitives dans le traitement des informations peuvent être déléguées ou être supportées technologiquement. Face à l’abondance d’information, le savoir-faire et le savoir quoi faire sont complétés par le savoir où est l’information.
Le connectivisme s’inscrit dans plusieurs phénomènes spécifiques aux activités professionnelles actuelles : le chaos (tout est en lien), la complexité, les réseaux et l’auto-organisation. Ce qui constitue le cœur de la théorie du connectivisme c’est le rôle des liens et des flux entre les individus et les ordinateurs qui les accélèrent et pas exclusivement le contenu des connaissances.
Le connectivisme énonce ses propres principes d’apprentissage :
- L'apprentissage et la connaissance résident dans la diversité des opinions.
- L'apprentissage est un processus reliant des nœuds spécialisés ou des sources d'information.
- L'apprentissage peut résider dans des appareils (non humain).
- La capacité d'en savoir plus est plus critique que ce que l'on sait actuellement.
- Entretenir et maintenir des connexions est nécessaire pour faciliter l'apprentissage continu.
- La possibilité de voir les liens entre les domaines, les idées et les concepts est une compétence de base.
- Obtenir des connaissances précises et mises à jour est ce vers quoi tendent toutes les activités d'apprentissage connectivistes.
- La prise de décision est un processus d'apprentissage en soi. L'importance que l'on donne à une information est variable dans le temps, selon les modifications de l'environnement de cette information
Des critiques du connectivisme limitent la portée des apports. Le connectivisme en intégrant des théories déjà existantes serait moins une théorie qu’une proposition pédagogique. A cet égard la mise en œuvre des MOOC (massive online open courses) est un exemple pratique de pédagogie connectiviste. Dans cette approche, l’image du réseau est utilisée pour expliciter les mécanismes d’apprentissage. Les participants s’auto-enseignent et s’auto-motivent dans un espace animé.
Le connectivisme produit des effets sur le style de management et de leadership souhaitable pour développer des innovations et accélérer leur implantation. Il s’agit de considérer que la seule information pertinente pour produire des transformations dans une organisation n’est pas dans une seule tête mais dans plusieurs. Incidemment le connectivisme plaide pour des équipes composées d’individus porteurs de différents points de vus et capables de recevoir et adresser des critiques. Le connectivisme remet également en question le monopole des médias dans le contrôle des informations. Avec les réseaux informatiques du web 2.0, chacun est en capacité de produire et partager des informations. Il pousse à une réflexion articulée des environnements personnels d’apprentissage et des réseaux personnels d’apprentissage et des organisations apprenantes. Cette dernière réflexion conduit à repenser le sens de la formation professionnelle et d’envisager des écosystèmes d’apprentissages tenant compte de ces trois environnements.
SIEMENS, G. (2005), Connectivism: A Learning Theory for the Digital Age. Instructional technology and distance learning. Janvier 2005. Vol2. N°1.