Philippe Breton est chercheur au CNRS au laboratoire de sociologie de la culture européenne à Strasbourg. Il rédige en 2000 un ouvrage sur "le culte internet". Cet ouvrage est moins un débat pour ou contre internet qu'un essai visant à mettre en exergue les risques que fait peser internet sur les liens sociaux.
Le principal axe d'investigation de l'ouvrage est la dimension religieuse de l'outil et des discours qui vont autour. L'auteur remonte aux sources des premiers fondateurs. Il montre que ceux-ci étaient soit imprégnés d'une vision militaro industrielle (créateur du réseau aparnet), soit des chercheurs proposant de transformer le monde par le partage d'information (réseau d'échange du CERN), soit encore des jeunes américains (comme steve jobs ou bill gates au début) suivant une philosophie, nex-age, bouddhiste-zen, libertaires et libéraux.
Pour l'auteur "l'évangélisation" et les discours enflammés autour de cette technologie de la communication empéche un véritable débat sur les impacts relatifs aux liens sociaux. En l'absence de débat et pour imaginer les conséquences de la diffusion massive d'internet, Philippe Breton explore deux directions. La première est relative aux sources épistémologiques du cyber qui alimente théoriquement le monde des informations, des contrôles et des boucles de rétroaction propre à internet. Il pointe également les points de convergences entre science et religion en s'appuyant en particulier sur la pensée de Teilhard de Chardin. La seconde nous projette dans les auteurs d'anticipation et de sciences fiction comme Gibson (le neuromancien), Asimov (les 3 lois de la robotique). Ces derniers imaginent des mondes sociaux sans corps ou sans liens sociaux qui renverraient à de vieilles utopies hygiènistes ou à des formes de puritanismes extrêmes.
Le livre est documenté et amusant à lire. C'est un essai qui s'affranchit de tout élément de preuve ou de chiffres pour étayer le propos. Mais, 12 ans après son écriture force est de constater avec l'auteur que le débat proposé a peu été porté. Si la conclusion de la fin de l'humanisme est avérée les conséquences seraient de nombreux chocs dont quelques uns sont perceptibles : le jeunisme (discours sur la génération Y), la transparence (wikileaks), la crise du politique, les crises religieuses. D'autres conséquences ont moins été mises en évidence comme le pouvoir d'informer (le printemps Arabe), les universités gratuites en ligne et la possibilité démultipliée de faire société même à distance.
Le bonus 2' Les autoroutes de l'information par les DESCHIENS : )