Les nouveaux moyens technologiques accélèrent le développement des réseaux. Ceux-ci se maillant toujours plus fortement produisent de nouveaux effets qui ont des incidences sur l’émergence, le repérage, l’enrichissement et la diffusion de connaissances, de valeurs ou tout simplement d’idées.
Les réseaux se resserrent :
Le développement des réseaux s’observe aussi bien pour des opérateurs privés que « grands publics ». Pour les réseaux privés les entreprises encouragent l’organisation d’intranet, de plateforme, de groupes d’échanges des pratiques à destination de leurs propres collaborateurs. Mais, elles favorisent également des liens avec des communautés de clients (ex la communauté des bricoleurs de Castorama, ou les fans d'Aple). Les réseaux sont identifiés comme des moyens de création d’appartenance et de connaissances partagées. Pour les réseaux « grands publics », un opérateur comme facebook affiche même 1 milliard de comptes et affirme qu’à termes chaque habitant de la planète pourrait se situer à un clic d’un autre. Cela est-il vraiment envisageable ? Quelle serait la conséquence d’un tel rapprochement ? En 1929 le Hongrois Frigyes Karinthy démontre que chaque être humain se situait à 6 "poignées de main" au plus d’un autre. Selon l’image de l’homme, qui a vu l’homme, qui a vu l’homme qui a vu l’ours, nous nous trouverions aujourd’hui directement face à l’ours. Cet ours respecte ses propres valeurs, ses façons de penser et de sentir le monde ancrées dans son histoire et ses croyances. Ce rapprochement soudain produit autant d’opportunités que de risques. La dissonance cognitive qui en résulte peut être troublante ou vivifiante.
Les réseaux se densifient
L'acquisition de téléphones portables et l'accès à internet ne cesse de croitre partout dans le monde (respectivement 5 milliards et 2 milliards d'humains concernés). La force d’un réseau en termes d’attractivité et de possibilités de service serait liée tout d’abord au nombre de ses membres. Plus ceux-ci seraient nombreux, plus la possibilité (théorique) d’accès à des données ou des experts augmente. Mais, cette force est aussi liée au flux d’échanges. En effet, plus les flux sont volumineux, plus une offre peut rencontrer une demande (nonobstant que les aiguillages soient adaptés). Il en découle actuellement une profusion de services nouveaux pour créer de la valeur à partir de ces nouvelles possibilités d'échanges. La densification des réseaux structure donc une nouvelle forme de cerveau planétaire où nos neurones (chaque individu) serait plus facilement en contact pour entrer en contact et créer des connaissances nouvelles.
Les réseaux permettent des participations variées
Les réseaux numériques actuels offrent une variété de possibilités de participation chacun peut vivre le réseau avec le niveau qu’il souhaite. Il peut être voyeur (garder un œil sur ce qui se passe), passager clandestin ou flibustier (capter des informations de façon opportuniste), contributeur ponctuel ou relais voire même leader d’opinion. De plus chacun peut changer de niveau d’investissement et d’engagement en fonction des thèmes ou des moments. Chacun peut élaborer son identité numérique, ce qui n'est pas sans effet sur le reste de la vie de l'individu et sa façon d'appréhender l'autre. De nouvelles formes de sociabilités s'organisent. Tendanciellement depuis le début des années 80, pour la situation française la rencontre d'amis en face à face tend à diminuer (78% de rencontre dans une semaine pour 66% seulement dans les années 2000 cf. L'évolution des cultures numériques. C.Licoppe2009 FYP). Les contacts indirects qui étaient de l'ordre de 5% avec les répondeurs téléphoniques des communications au début des années 90 ont augmenté et sont aujourd'hui de plus de 20% avec l'avénement des SMS. La diachronie a donc progressé avec pour effet une prise de distance et une plus forte contingence émotionnelle.
Les réseaux facilitent les agrégations
Les réseaux permettent d’agréger et de valoriser des informations. Une des caractéristiques des réseaux est leur capacité de computer des données et de faire apparaître des tendances, des sens cachés, des orientations. Ces agrégations seraient même l’une des valeurs ajoutées autorisée par cette capacité de calcul. Les grandes compagnies de l'industrie de la culture cherchent à valoriser les traces laissées par chacun pour produire des fichiers ou des offres personnalisées. L'agglutination des données est devenue une source de profit mais aussi une question sensible quant aux informations sur les individus.
Si le texte s'est essentiellement tournée vers l'idée de réseaux en ligne, il convient de ne pas oublier que les réseaux et communautés humaines les précèdent. De plus il est possible de remarquer que ces réseaux informatiques se déploient à un moment où le phénomène urbain ne cesse de croitre dans le monde (70% d'urbains attendus). De même que la durée des temps de transports s'accroit (29 km en moyenne en France pour se rendre à son travail) et le temps disponible pour se connecter croit. Il n'est pas si facile de regarder l'autre en face pendant des temps de transports collectifs sans rien dire, cela génére de l'inquiétude. Aujourd'hui se développe une "socio-informatique" qui cherche à comprendre les phénomènes. Paradoxalement, dans le domaine de l'apprentissage l'informatique réputée nous tenir à distance les uns des autres remet au gout du jour le rôle des groupes et celui du formateur qui même à distance peut exercer une présence bien réelle à en croire les travaux d'annie Jezegou chercheuse en sciences de l'éducation.
Il nous reste à nous saisir des opportunités des réseaux pour faire société autrement ensemble de partager et d'apprendre.