Le récit illustre le périple initiatique d’un patron de laboratoire. Après des fonctions de développeur et de chef de projet technique de plus en plus important (jusqu’à 30 à 50 personnes), le processus décrit est celui du compagnonnage dans la longue durée et de la transmission de savoir et savoir-faire techniques hautement valorisés. « Ce qui m’intéresse beaucoup plus c'est d'avoir une aura technique c'est beaucoup plus des compétences. D'être reconnu dans mes compétences »
Il s’agit aussi de montrer que le mode de management technique ayant cours dans un laboratoire s’appuie plus sur la compétence scientifique qu’organisationnelle. La légitimité scientifique est présentée comme un incontournable. Le vocabulaire choisi pour désigner les tâches managériales empruntent au vocable administratif : gestion, administration du personnel.
Les compétences managériales ne faisant pas référence dans l’environnement scientifique, la délégation des tâches d’encadrement semble la mauvaise part du travail. « Manager malgré moi » pourrait être la morale de cette histoire.
Dans le même temps les compétences managériales sont peu valorisées, mais les difficultés humaines et les personnalités scientifiques à gérer ne sont pas toujours aisées. « Dans mon équipe on a un polytechnicien qui a 59 ans, mais qui est resté simple chercheur ». Dés lors l’exercice classique d’entretien professionnel impose un certain investissement « moi j’y consacre en général 3 heures ce qui est considéré par beaucoup trop par presque tout le monde ».
Ainsi la prise de responsabilité du laboratoire met en scène 3 chercheurs expérimentés et tous légitimes techniquement. Elle est décrite comme un processus consensuel « pour ce poste on en a discuté tous les 3 et finalement c’est moi qui l’ai emport dans les discussions. On n’a pas eu à se battre auprès de la direction ».
Finalement le choix de devenir manager apparaît plus comme un moyen d’obtenir de la reconnaissance que comme une réelle volonté de carrière « je n’ai pas réellement choisi d’être vraiment manager, par contre effectivement j’ai choisi d’être quelqu’un qu’on voit, ça c’est clair ».