Le narrateur fait à travers son récit un bilan de vie professionnelle. Les chapitres se déroulent chronologiquement jusqu’à la délivrance d’une sagesse finale. La chute se pose comme une parenthèse, après un apprentissage du détachement « un chemin de vie » selon les mots du narrateur. L’ensemble résonne comme une confidence dans une accélération dont le sens ne semble plus toujours perçu.
Le premier chapitre enchaîne les premiers rudiments comportementaux utiles aux managers : faiblement glanés en école supérieure de commerce plus sûrement pendant le service militaire effectué en coopération à l’étranger. L’entrée dans une entreprise sélective est vécue comme un sacerdoce. L’alternance de postes fonctionnels et managériaux dote le « jeune cadre », « d’une connaissance de l’entreprise ». L’entreprise subit de plein fouet la guerre du golfe et résiste aux turbulences, et la restructuration qui s’ensuit voir la « déconfiture » offre des opportunités. « J’ai trouvé un jour un poste dans un ascenseur ».
Le deuxième chapitre commence à 29 ans par une expérience de management de 40 collaborateurs en temps que directeur commercial confronte le récitant. « Je me suis mis à faire du management affectif jusqu’au jour ou on se prend une claque ». L’appui du dirigeant, d’un ancien DRH permet finalement de passer l’épreuve des 35 h et de se faire à l’exigence des responsabilités « Quand on est dans le grand bain on nage ».
Une nouvelle expérience en Autriche réactive à travers le temps une blessure familiale. « Il y a un événement qui a été déterminant dans ma vie. C’est mon père qui a été licencié quand il avait 56 ans. Il n’a jamais retrouvé de travail » « ça forge un caractère, j’ai vu mon père souffrir ». Le jour ou il lui est demandé de licencié une collaboratrice de 58 ans et 35 ans d’ancienneté. Le licenciement de son père résonne à travers le temps « je me suis vu licencier mon père ». Le récit télescope deux passés un passé intime et un passé professionnel fondateur de valeurs et de posture managériale. Une leçon en ressort « je crois aux valeurs de l’entreprise jusqu’à un certain point. Je ne suis pas près à renier certaines de mes valeurs ». De la formation continue menée à HEC il s’empare d’une méthode de management OVAR, et développe son réseau professionnel interne. Un accident de santé, une psychothérapie sont décrits comme une séquence de maturation, et un cheminement intellectuel à un moment professionnel charnière. Il en ressort un plus grand détachement et finalement une plus grande efficacité managériale.
Au fur et à mesure que le récit se déploie, la connaissance recherchée change de forme, le savoir transmute et finit par prendre le nom d’expérience « c’est assez étrange, le savoir c’est le seul truc sur lequel je me sois appuyé pendant tant d’années et puis après le savoir s’éloigne en tout cas pour moi au fur et à mesure de l’expérience ».