Le récit de ce manager est marqué par le thème de l’enrichissement progressif et continu du monde et des représentations de l’ingénieur (école des mines), des matériaux, des process qualité, de la matière, de la mécanique au monde des hommes, de l’irrationnel, des émotions, des discriminations, jusqu’à devenir le responsable de l’éthique au sein de l’entreprise. Le point d’équilibre ou la ligne de mire reste tout du long de ce cheminement l’efficacité économique de l’entreprise d’une part et la référence à des valeurs familiales « Moi je ne crois qu’au travail ça je le tiens de mes parents, surtout mon père il a toujours bossé. On bosse on est honnête on a un salaire voilà c’est bien quoi…..Il était mineur, un mineur il est corvéable à merci ». Cette double fidélité construit et forge le manager que nous révèle ce récit.
Plusieurs catalyseurs expliquent cette ouverture, trois façons de regarder différemment qui se structurent progressivement :
- le regard sur le process de travail qui s’affine et va de plus en plus loin dans la compréhension du système homme-organisation « On fait beaucoup d’audits on va beaucoup sur le terrain pour voir ce qui va et ce qui ne va pas. Et puis on fait des fois des constats qui sont parfois très simples que tout le monde voit, mais dés fois il suffit seulement de mesurer de chronométrer tout bêtement »
- le regard sur les autres, les rencontres humaines qui émaillent le parcours et font réfléchir car elles permettent des découvertes sur soi « c’est la personne de l’époque qui m’a formé et qui m’a// vraiment expliqué en fait, ce que c’était la formation comment on devait /// quelle attitude on devait avoir face à des adultes »
- le regard sur soi, se confronter au syndrome de l’imposteur et accepter d’être devenu ce que l’on est « Donc on se dit moi cette année j’ai quand même géré une région qui va faire 80 millions d’euros ! on se rend compte Mais là quand on regarde ça on se dit et ben merde !, c’est moi qui gère ça ? Quelque part on peut dire oui là c’est des moments clés c’est quand on voit les chiffes ».
Si cette ouverture permet une évolution constante dans le domaine professionnel, la répercussion dans le domaine personnel s’avère importante :
« moi à l’extérieur on va dire je suis plutôt solitaire moi j’aime bien bêtement aller me promener dans les bois seul, j’aime bien la pêche, des trucs comme ça. … est-ce que je suis plus sociable ? Oui certainement, en fait le boulot de manager m’a rendu certainement plus sociable à l’extérieur. C’est plutôt dans ce sens la que ça a marché et pas dans l’autre. »
La morale de cette histoire est un nouvel équilibre trouvé, qui renforce la cohérence interne du personnage.