Le thème principal du récit est celui de la découverte et de l’initiation. Ce thème décline ses motifs à de multiples reprises dans la narration, par l’accroissement d’une altérité et d’un approfondissement de soi, par une plus grande intégration des enjeux sociaux et de ceux de l’entreprise.
Premier petit job, premier emploi, première équipe, premier coup dur sont les ingrédients majeurs de cette fabrication « La première équipe ou la première personne qui nous a encadrée si ça se passe bien … donne envie de poursuivre ». Le récit laisse percevoir une construction du manager qui se complète au fur et à mesure par découvertes successives. C’est l’alliance d’un environnement d’entreprise et de rencontres avec des personnalités qui apparaît prédominante. « Le premier moment-clé c'est beaucoup de rencontres et à chaque fois c'était des rencontres avec des personnes très différentes ». Dans le récit, le moment se fusionne avec la personne qui l’habite. Le thème en devient récurrent jusqu’à en devenir une méthode d’apprentissage très claire dans l’esprit de la narratrice « la fabrication d'un manager c'est une succession d’expériences et de rencontres ». Du coup les choix de carrière découlent des personnes rencontrées et des apprentissages potentiels. Autour de la trame des expériences qui s’enchaînent et se répètent, surgissent des événements qui prennent la forme d’épreuves, de défis, de potentialité de se révéler, à soi et aux autres.
La responsabilité va puiser dans son éducation les ressources de tempérament utiles pour garder le cap de ses valeurs et faire face à l’inattendu, ou à l’inéquitable. C’est l’exposition précoce aux difficultés du monde du travail qui semble donner de la force aux décisions et au choix douloureux. « j'ai travaillé très tôt … pour pouvoir financer mes études… ça met les idées bien en place ». Des situations d’accompagnement d’équipe dans des cessations d’activités sont ainsi vécues avec un fort retentissement qui touche aux perspectives et à l’identité et perdure après l’événement : « On ressort de cette expérience différent et aussi avec une façon de voir la vie et les personnes un petit peu différentes ».
L’expérience est vécue avant tout par son impact sur soi. Sa force et sa difficulté sont particulièrement jaugées et conservées en mémoire. « toutes les expériences c'est un peu notre bible quoi on pioche après et puis on dit tient ça j'ai déjà vécu ». Ce référentiel d’expérience finit par s’incorporer et influer inconsciemment sur les décisions. L’expérimentation permet alors de capitaliser de nouvelles manières d’organiser le travail, l’équipe. L’apprentissage à partir de l’expérience en fini par devenir intuitif, même une confrontation au regard des collaborateurs est recherchée dans l’exercice des entretiens annuels.
In fine le métier de responsable administrative prend le dessus d’une identité managériale qui se fait discrète, car l’entourage ne comprendrait pas. « j'ai un garçon de sept ans et quand il me demande ce que je fais j'ai toujours un petit peu de mal à lui expliquer. Il n'y a pas très longtemps il a dit à sa maîtresse que sa maman apprenait aux gens à travailler. Ça m’a fait rire quand je vais voir la maîtresse elle va me regarder avec un drôle d’œil. »