Ce narrateur insiste sur deux thèmes. Dans le premier il s’attache à montrer un développement naturel. Il s’avère sensible aux cycles et aux étapes qu’il a franchies, aux relations particulières qu’il entretient avec un mentor, ou des personnes clés. Au temps qui passe. « On raisonne par cycle c’est répétitif »
Les premiers doutes sont levés par l’appui des managers en place : « quand j’ai été nommé patron de magasin, est ce que je l’étais vraiment à ce moment là ? Je ne pense pas. Je n’avais pas les compétences à 100% d’un manager d’un directeur », « Je suis nommé mais le titre ne fait pas encore preuve de mes capacités ». L’apprentissage de la fonction s’appuie sur la réalisation et la vision d’un cycle complet. « j’ai travaillé par mimétisme la première année. Mais ma première année de pure direction de magasin c’est là où je me suis senti un peu plus abouti à la fin sachant que je n’avais pas répercuté les erreurs que j’avais commis l’année précédente ». L’assurance vient d’une double reconnaissance : celle des collaborateurs et celle de sa hiérarchie « des périodes de reconnaissance de collaborateurs dans un premier temps et puis, des deux côtés, le patron aussi ». L’avènement en tant que manager est ici perçu comme un « bouclage ». Le lien recherché avec un mentor qui institue dans une posture managériale par la relation qu’il crée est une étape de construction. « Est-ce que c’était la relation de parents à enfants ? Ou de maître à élève ? Je ne sais pas. Clairement il m’a positionné directement dans la direction de magasin. » Cette reconnaissance immédiate conforte dans l’idée que « j’étais passé de l’autre côté de la barrière »
Le deuxième thème porte sur la construction d’un discours managérial. Ce thème conforte l’idée d’une fonction langagière essentielle du management Le locuteur utilise régulièrement des « adages managériaux ». Ces sentences sont autant à usage de mémorisation pour soi que pour l’édification des équipes. Quelques formules relevées témoignent des centres d’intérêts :
« L’expérience est une lanterne allumée qui éclaire le chemin parcouru »
« Ne pas se préparer c’est se préparer à être oublié »
« Mon activité secondaire c’est nécessairement la spécialité d’un autre »
« On ne fait pas pousser les salades en tirant sur les feuilles »
Ces « dictons » émaillent les discours et ramassent en quelques mots des enseignements qui paraissent essentiels au narrateur. « Il faut avoir un discours appliqué et cohérent vis-à-vis des gens des magasins et pas des grandes théories ». Ce discours d’influence vise à la remise en question, à la mobilisation, à la transformation des attitudes professionnelles. Il s’agit d’un discours qui se veut simple « je parle aux gens comme j’aimerai qu’on me parle ».