Le récit de cette narratrice est marqué par deux thèmes forts : un événement contrariant une ambition en début de carrière et le dilemme entre les ambitions et l’appartenance au genre féminin. Ces deux points excitent un questionnement sur le rapport à soi managérial qui pourrait se résumer en deux interrogations qui taraudent la narratrice :
- Suis-je celle dont le portrait psychologique de tests d’entreprise dépeint une personne incapable de faire du management car n’aimant pas les autres ?
- Comment concilier ma passion professionnelle et ma famille ?
A chacune de ses questions est associée une émotion à domestiquer qui se transforme dans un travail personnel et est transcendée par l’ambition et le travail : la colère de se voir étiquetée ce que l’on ne se ressent pas, et la culpabilité de faire pencher balancer ses priorités vers son travail plutôt que vers ses 2 enfants importantes sources de valeurs. Le rapport à soi managérial habite l’histoire et pourrait être un personnage qui est emmené chez le psychologue, qui est présent le soir et le matin en voiture dans des ruminations solitaires, qui fait l’objet d’éclairages en stages de formation. Le travail et l’évolution de la posture managériale font l’objet de remises en question, d’élaboration. L’expérience mono-entreprise renforce cette intégration d’un « moi managérial » qui se fond dans la culture de l’entreprise et contribue au mythe et à l’histoire qui se raconte. Le récit de soi participe au récit de l’entreprise et les liens qui s’établissent stimulent l’envie de participer à une action plus grande qui donne du sens.
La construction du genre managérial est marquée dans le récit par la force d’influence des figures masculines : celle du père, celles du mentor, celle du patron. Ces trois figures semblent idéaliser trois états et se poser en exemple en source d’inspiration qui aide l’apprentissage de soi. Enfin le rejet initial « non vous n’êtes pas prêtes pour être manager » asséné en début de carrière est présenté comme une alerte une vigilance à avoir sur soi pour entreprendre un travail réflexif et introspectif qui devient comme une forme d'apprentissage.