Pour moi la congruence est essentielle. C'est une des conditions d'apparition de la confiance, indispensable au
travail collectif et à l'établissement d'un leadership authentique. Si les dirigeants se réfugient trop souvent derrière des masques ou des rôles, ils bloquent aussi leur capacité de communiquer
avec les autres. J'ai vu trop souvent des managers et dirigeants dirent le "système d'information est vital pour l'organisation" et confier aux autres le soin d'aller dans les détails
ou de faire saisir à leurs assistantes les données personnelles. Le message envoyé par l'attitude du dirigeant est : "l'informatique n'est qu'un moyen pour moi de contrôler votre travail", ou
bien "j'ignore tout de la technologie c'est secondaire, j'ai d'autres choses plus importantes à faire". Ces arrières pensées sont rarement exprimées par les dirigeants mais sont parfaitement
décryptées par les employés.
De trop nombreuses fois les dirigeants expriment que "la situation économique est tendue" et ne font aucun effort sur leurs frais de déplacement, ou ce qui concerne leur confort. J'ai vendu une fois un séminaire de direction de deux jours 70 Keuros à un Comex de grande entreprise (location de salles privatives dans un château classé, équipe de 4 consultants, réservation de voitures de mini golf pour se déplacer, grand hôtel, bons repas etc.), au moment même où la société refusait du personnel à ses encadrants intermédiaires. Le message adressé au corps social pourrait être "continuez à travailler, nous profitons de la situation après nous le déluge". Commercialement c'était pour moi une bonne affaire, mais intérieurement je n'étais pas fier car à côté j'assurai aussi la formation de l'encadrement intermédiaire qui vivait des situations de souffrance. J'en suis arrivé à la conclusion qu'on ne peut pas changer ceux qui ne le veulent pas. Il convient alors de les fuir et de ne pas leur apporter de concours quand ils persistent dans des comportements inéthiques ou condamnables. La morale de l'histoire est que nombre de protagonistes ont été par la suite remercié.
La phrase "de grandes responsabilités entraînent de grands devoirs" me semble juste. L'atteinte d'une telle ambition passe surement par plus d'honnêteté intellectuelle, un effort continu pour trouver quelles sont les actions les plus justes et les plus équitables à mener soi-même, inutile d'incriminer les autres à chacun de balayer devant sa porte. Je pense en outre qu'il n'y a absolument aucun moyen de tricher et que tôt ou tard les faiblesses de chacun sont mises au grand jour. Atteindre un meilleur niveau d'authenticité passe donc par de la transparence. Celle-ci consiste à donner aux autres et à soi même un droit à l'erreur, à la condition que celle-ci soit sincèrement source de progression et d'apprentissage.
La congruence est essentielle à la direction d'une équipe et a fortiori d'une organisation. Elle fait appel à l'idée de "leadership authentique" qui fait en soi problème car l'injonction à l'authenticité est difficile à assumer. Bref l'idée du philosophe chinois qui affirmait il y a plus de 8 siècle que pour évaluer un homme il fallait voir l'écart entre ses actes et ses paroles est plus que jamais d'actualité.