Les entreprises sont-elles condamnées à polluer sans frein, au nom de la seule compétition
économique ? Va t-on continuer le modèle prédateur ou l’on n’en finit pas d’épuiser les hommes et les territoires ? Les dirigeants économiques vont-ils poursuivre la délocalisation des
problèmes sociaux (retraites à prendre en charge, partenaires sociaux avec lesquels négocier, salariés plus âgés à gérer etc.), la déportation des problèmes économiques (choix de produire à bas
coût salarial plutôt qu’investissement dans l’innovation), et l’exportation des problèmes environnementaux (souvenez-vous des 230 tonnes d’amiante du porte-avions Clémenceau) ? Au nom du
réalisme, les dirigeants politiques vont-ils continuer à manquer de courage, et à refuser pour flatter l’opinion à appliquer leurs engagements (Taxe Carbone, mesures incitatives ou
contraignantes) ? Plusieurs indicateurs laissent penser que si la tendance écologique qui s’exprime chez 80% des français est recyclée dans un green-washing bien habillé, derrière la
peinture verte d’agences de communication ou de grandes entreprises se camouflent aussi des personnes engagées prêtes à transformer les règles du jeu. Les idéologies traditionnelles
quantitativistes ont perdu du souffle. La force du vert, à tort ou à raison, est d’entraîner des espérances immenses, une utopie fraîche, plus à même de mobiliser car tout est à faire. Pendant
que l’idéologie du développement durable se projette vers le futur, les idéologies anciennes s’embourbent dans leurs références passées. « La patrie de nos ancêtres » est supplantée par
« la terre que nous empruntons aux générations futures ». L’avenir est plus stimulant car il autorise la vision, et libère les envies. Dans l’utopie rien n’est joué tout est à
construire. Tout est d’improvisation, d’intuition et d’imagination. Alors que la planète va difficilement absorber la demande grondante d’un milliard d’indiens et d’un milliard 300 millions de
chinois, prêts à tout, tout de suite, pour avoir un peu plus de prospérité (pour mémoire 34,9% de chinois et 80% d’indiens vivent encore au seuil de
la pauvreté), il est plus que temps de penser le développement autrement et de réduire notre empreinte écologique (pour 7 milliards de terriens il faudrait 7 planètes Terre afin de répondre aux
critères de consommation américain). Plusieurs exemples attestent que si l’équation à trois intégrales (économique, sociétale et environnementale) du développement durable est difficile à
résoudre, l’imagination peut prendre le pouvoir. Des solutions émergent, aujourd’hui. Prenons des exemples très concrets de transformations possibles emblématiques de notre société de
l’information. Le premier exemple concerne la maîtrise des coûts énergétiques. Il y a un milliard d’ordinateurs dans le monde 2 milliards sont anticipés à l’horizon 2015. Or, les PC n'exploitent
que 50 % de l'énergie électrique qui leur est fournie pour fonctionner. Sur une année, l’alimentation d’un poste standard peut coûter jusqu’à 170 euros, alors qu’un ordinateur économe en énergie
peut faire passer à 30 euros la facture, mais le coût d’investissement initial est encore survalorisé avec les critères traditionnels. Le deuxième exemple concerne la fabrication de
photocopieurs. Avec Color Qube, l’encre solide et les puces de diagnostic, la rupture technologique de XEROX permet dès à présent de réduire la
quantité de déchets produits liée aux processus d’impression de 90%. Plutôt que d’imposer à l’environnement 370 kilos de cartouches laser à retraiter, avec le système XEROX seulement 40 kilos
sont à revaloriser. Les décisions d’innovation à prendre satisfaisant les contraintes économiques et environnementales sont possibles, à condition d’envisager que c’est possible et d’intégrer
toutes les externalités dans les calculs. Nous pouvons aussi imaginer que les achats soient plus responsables, ceux des consommateurs qui se tournent de plus en plus fréquemment vers des labels
équitables comme Max Havelaar, mais aussi ceux des professionnels des achats dans les entreprises. En Europe, Négocia est la première grande école française à développer dans le même temps un programme de recherche et un Mastère Spécialisé dédiée aux achats responsables[1].
Si Négocia procède ainsi à son green-washing, c’est pour contribuer à son niveau aux enjeux actuels de l’environnement dans son champ de spécialité, la formation supérieure des cadres et des
managers. Gageons que cette initiative s’accompagne d’autres et que les personnes nouvellement formées trouveront un emploi en moins de 3 mois comme le constate pour les nouveaux métiers de
l’environnement le ministère de l’écologie, de l’énergie et du développement durable.