L'ouvrage dénonce la construction sociale de la méritocratie qui masque la réalité des profondes injustices et inéquités qui traversent la société en matière d'enseignement supérieur. L'auteur revient sur les acceptions du mérite un principe à géométrie variable selon que l'on prend en référence la sociologie, la philosophie ou les sciences politiques. L'auteur à l'issue d'un travail sociologique rigoureux croisant données qualtitatives et enquêtes quantitatives auprès d'étudiants aux trajectoires variées appartenant à quatre grande filières de l'enseignement supérieur (instituts universitaires, de technologies, section de techniciens supérieurs, classes préparatoires et universités), nous montre comment s'intériorise l'idée du mérite. En conclusion les étudiants des classes préparatoires bénéficieraient de la méritocratie par l'école, alors que ceux de sections de techniciens supérieurs joueraient la méritocratie contre l'école. Quant aux étudiants de l'université l'idéal méritocratique serait tributaire de la formation suivie et ceux des étudiants en IUT auraient des attitudes plus ambivalentes. Finalement la naturalisation du mérite n'échappe pas aux étudiants qui restent critiques à son égard, en particulier ceux subissant le déclassement ou les inégalités sociales.
Plusieurs dizaines d'années après les travaux de Bourdieu sur la reproduction, force est de constater que la situation a empiré et que les différences sociales plus que les diplômes sont déterminantes dans l'accés à la carrière. L'auteur présente d'autres perspectives alternatives à la méritocratie scolaire telle que la mise en avant des qualités morales, sociales, pratiques, intellectuelles. Cette alternative mérite d'être prise en considération à un moment où la légitimité du système est mise à mal.