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Publié par CRISTOL DENIS

 

 

 

Les théories managériales ont pour objet de décrypter le fonctionnement des organisations afin d’en permettre une meilleure compréhension. Depuis Xénophon observant les esclaves fabriquer des sandales de la façon la plus efficace qu’il soit, ou conseillant les contremaîtres dans l’art de surveiller les travaux de la maison, l’idée que les organisation humaines et leurs responsables ont un rôle déterminant à jouer n’est pas nouvelle. Nombre d’auteurs et de chercheurs se sont succédés pour apporter un plus d’intelligibilité. La « théorie des organisations » est devenue un incontournable dans tous les enseignements supérieurs de gestion. La collection Topos + éditée par Dunod se fait fort de présenter des synthèses percutantes et actualisées à ses lecteurs. Il a cette fois été demandé à Michel Barabel et Olivier Meier, maîtres de conférences des universités ainsi qu’à Thierry Teboul directeur  régional adjoint du groupe IGS de relever le défi. Le terrain n’est pas vierge en la matière, il existe une foultitude de sommes, d’ouvrages et d’articles sur le sujet (voir à ce sujet Rojot ou Livian)[1], mais le véritable challenge consiste dans la production d’un document court et original. L’art de la synthèse est bien partagé par nos trois auteurs et leur équipe de contributeurs qui en sept chapitres retracent l’essentiel de l’histoire du management et de ses théories. A un moment ou les sciences de gestion s’interrogent sur le renouvellement de leurs approches, le parti pris valorise la dimension  transversale des théories, à partir de champs diversifiés des ONG, de la culture ou du sport. Il se dégage de cette lecture l’idée que le management n’est plus seulement une fonction  mais également une posture. Dés lors ce déplacement de regard permet d’appréhender le management par les rôles que chacun est plus ou moins à même d’endosser et de développer. A en croire les auteurs, le management ne serait pas affaire de programmation, mais d’apprentissage de rôles. Il n’y aurait donc pas de disposition naturelle des managers, mais des aptitudes plus ou moins développées à tenir des rôles. La démarche interdisciplinaire proposée est féconde de sens nouveaux et de valorisation de figures de managers. Dans cet ouvrage, le manager a dépassé le rôle de manager-comptable des années 80 et enrichit son menu d’action. S’il doit toujours faire œuvre d’autorité, il est aussi attendu de lui qu’il soit business-partner. Dans le cadre de l’ouvrage 12 principales écoles de pensée ont été présentées et décortiquées : l’école classique (Taylor, Fayol, Weber…), l’école des relations humaines (Mayo, Maslow, Herzberg, Lewin, Lickert…), la théorie de la décision (Simons, March, Cyert …), les théories de la contingence structurelle (Minzberg, Lawrence…), l’analyse systémique (Von Bertalanffy, Emery et Trist…), l’approche de l’économie industrielle (Williamson, Coase, Jensen et Meckling…), l’école de l’analyse stratégique des organisations (Crozier, Friedberg, ..), la théorie des ressources (Penrose, Barney…), les théories de la structuration évolutionnistes et post-modernistes (Nelson, Winter, Weick, Giddens…), la théorie des conventions (Boltanski, Thévenot…), l’approche sociologique des organisations (Sainseaulieu …), et les approches psychosociologiques (Enriquez, Pages…). Que l’organisation soit vue comme un système rationnel, naturel, ou ouvert, les théories managériales enrichissent la vision de l’homme et des organisations. Subrepticement le regard porté sur l’homme au travail et sa tâche s’élargit. Pour les managers il ne s’agit plus seulement d’optimiser les gestes et de contrôler mais il convient désormais de faire face à la complexité, aux événements qui se produisent au sein de rapports sociaux toujours mouvants.  Ainsi les différentes écoles se  complètent et permettent de saisir un point de vue de la réalité. Si d’un côté des théories insistent sur une description fine des organisations et de leurs interactions entre elles et au sein de l’environnement et s’intéressent à l’efficacité de l’entreprise, d’autres mettent en avant l’importance de la dimension humaine, des désirs des affects et des projections. Se rencontrent la dimension structurante et objectivante de l’entreprise et celle plus subjective et changeante de ses acteurs humains.  Finalement les auteurs reprennent en conclusion les huit métaphores élaborées par Morgan qui identifient autant de dimensions possibles de l’entreprise : machine, organisme vivant, culture, cerveau, prison mentale, système politique, instrument de domination, et flux de transformation. Les métaphores de Morgan nous rappellent utilement que si les managers cherchent à diriger et organiser au mieux leurs entreprises, leurs services ou leurs équipes, ils ne réussiront pas sans les hommes qui en constituent toujours la substantifique moelle.



[1] Rojot J (2005), La théorie des organisations, Eska, Paris, Livian PY ( 1998), Organisations – théories et pratiques, Dunod, Paris

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