La vague du développement personnel ne cesse de déferler en France. Tout se passe comme si la réponse psychologique avancé dans ces séminaires était une solution aux problèmes organisationnels traversés par l’époque. De quoi parle t-on ? Valérie Brunel (2004) consacre une thèse au phénomène et propose la définition suivante « Sont dites de développement personnel les démarches visant la croissance de l’individu sous ses aspects psychologiques, relationnels, intellectuels, spirituels ». Il est temps de se poser et d’observer de quoi sont faits les séminaires que l’on nous propose. Tout d’abord relevons quelques chiffres. En 2008 le rayon Développement Personnel de la librairie Eyrolles affiche quelques 2771 ouvrages. Les études statistiques récentes pointent une croissance de 27% du nombre de stages rangés dans cette catégorie par la DRTEFP. Si le phénomène progresse, c’est peut être parce que le nouveau Droit Individuel à la Formation (DIF) dont bénéficient les salariés a donné des ressources financière inespérée. Avec près de 600 000 bénéficiaires en 2009 le mécanisme du DIF a probablement favorisé cet engouement. L’explosion des séminaires de développement personnel serait alors un effet collatéral du DIF. Rien d’étonnant à cela car les entreprises ont largement reporté sur ce dispositif tout ce qui ne concernait pas directement le cœur de leur activité. D’un point de vue qualitatif, force est d’observer la variété de pratiques qui augmentent. Les courants de développement personnel ont plusieurs inspirations : d’une part la « redécouverte » des philosophies orientales bouddhisme ou zen d’autre part les valeurs et utopies de la génération "Peace and Love". Certaines sont très tournées vers une recherche d’épanouissement personnel, d’autres visent plus modestement l’amélioration de ses capacités de communication.
En 1961, est créé l'Institut Esalen par MacMurphy, près de San Francisco qui jouera un rôle de diffusion. À cette même époque, naissent les psychothérapies modernes, comme le cri primal, le rebirth, le rolfing et la bioénergie, en phase avec les travaux de Reich, élève de Freud, ainsi que la psychologie humaniste de Maslow ou Rogers. On découvre aussi en 1968 la gestalt-thérapie. Le nombre de pratiques ne s’arrête pas là, et, il est encore possible de citer l’énnéagramme, l’analyse transactionnelle, la communication non violente, la programmation-neuro-linguistique, le myers-briggs personality indicator, la process-communication, la logothérapie, l’élément humain et la méthode Schutz, l’approche systémique. Plus récemment l’intelligence émotionnelle ou le mindfluness se popularisent. En matière de pratiques l’exhaustivité est difficile à établir. En effet, le développement personnel se généralise en même temps que le rapport à soi est sollicité. Ceci ne va pas sans polémique. C’est ainsi qu’un séminaire « Landmark forum »[1] affirme avoir formé plus d’1,5 millions de participants.
Mais, les méthodes engagées sont si fortes émotionnellement que pour la France une décharge est signée par les stagiaires avant de participer à une véritable mise à nue collective sans concession. Ceci faisant dire à certains qu’il s’agit de manipulations mentales voire de pratiques sectaires. Quoi qu’il en soit le développement personnel est désormais diffusé dans les écoles notamment de commerce et d’ingénieur. L’objectif est ici de préparer les futurs leaders à des fonctions exigeantes sur le plan de la personnalité. Il pénètre aussi les écoles secondaires. Des « lycéens médiateurs » sont de plus en plus souvent initiés à l’assertivité et aux techniques de communication. Ou s’arrêtera le phénomène ?