Dans un environnement saturé de message une UE doit créer de l'émotion, et du désir d'apprendre avant tout. C'est un lieu d'innovation. Elle doit décloisonner, apporter un bol d'air provoquer le changement. Donner envie d'apprendre aux autres, leur donner envie d'être des leaders. Elle doit éviter de chercher à tous prix "d'aligner les cadres sur la stratégie". "Plus je serre l'oiseau dans ma main parce que j'ai peur de le voir s'envoler plus je l'étouffe » dit le proverbe. Son objectif premier est donc de créer des valeurs ajoutées à croire Mickael Porter[1] ces valeurs intéressent toute la société et pas uniquement l’entreprise. C’est pourquoi l’université d’entreprise s'intéresse à tous les collaborateurs. Celle qui ne s'intéresse qu'au TOP 50 des managers accentue le décrochage entre la base et le sommet. Elle dit qu'elle s'intéresse aux RH mais en réalité elle se concentre sur un futur restreint. Elle risque de perpétuer des habitudes et des routines de gouvernance et de ne pas tirer partie des opportunités. Pour créer des valeurs l’université d’entreprise doit être gérée par des opérationnels qui ont le souci de développer le Business. Mais ces opérationnels doivent avoir une grande sensibilité pédagogique et savoir s'entourer. Ils doivent avoir en tête de viser tous les collaborateurs. Ils doivent être capables de créer des moments de mélange pour casser l'idée que les dirigeants sont en haut de la pyramide et les autres en bas. Malheureusement beaucoup d'universités ont des réponses assez standardisées type "leadership pipe-line" ou rampe de lancement. Mélanger les publics dans une société hiérarchisée comme la France c’est faire preuve d’innovation. Mais des formations innovantes et bricolées avec les participants par eux et pour eux, des learning-expedition, des action-research, tout ce qui n'est pas encore écrit dans les livres de management peut provoquer un intérêt de la part de toutes les parties prenantes.
La contribution de l’université d’entreprise peut être diamétralement opposée selon que l’élément déclencheur de sa création est un effet de mode « tous les patrons en ont une », je veux la mienne, ou qu’il s’agit d’un levier de transformation. C’est souvent quand l'entreprise se situe à un tournant technologique, démographique, en face d'une évolution majeure que le choix de ‘l’université d’entreprise peut être pris. Ce qu’apporte l’université d’entreprise, c’est l’autorisation de penser et d'agir autrement. Une autre idée de penser le développement. Un moyen d'initier une organisation apprenante et d'obtenir que 1+1 = 100. L’université d’entreprise reste en lien avec les préoccupations de la politique RH mise en place dans les entreprises (attirer, fidéliser, retenir, développer ...), car les collaborateurs ont envie de vivre des expériences fortes et d'être dans des entreprises ou il se passe quelque chose. Mais il faut prendre garde à ce que les intervenants ne soient pas que des showmen brillants. Il faut avant tout que les apprenants eux-mêmes créent du futur et inventent des possibilités nouvelles. L’université d’entreprise exacerbe des enjeux en termes de capital humain (gestion des compétences par exemple), social ou organisationnel. Comme tout moment organisationnel de l'entreprise, l'université d’entreprise crée du réseau, donne de la visibilité, ancre de la culture, du sentiment d'appartenance, mobilise des valeurs humaines. Ce capital est très précieux et donc l'université d’entreprise doit soigner ses processus de communication, d'animation, d'exposition à de la diversité. L'université d’entreprise se pense en lien à la stratégie d'entreprise. Mais la "stratégie globale de l'entreprise" semble une formule un peu rapide. Dans un monde d'événement et de complexité, il y a (presque) autant de stratégie que de micro décideur opérationnel. Donc l'université d’entreprise doit donner des points de repères communs, un solfège, mais chacun est amené à faire la musique qui résonne le mieux pour sa situation propre. D’un point de vue économique l’université d’entreprise produit un gain considérable quand elle permet un moment d'ouverture, de fondation, d'appartenance, de reconnaissance mutuelle. Mais elle peut se limiter à n’être qu’un instrument de pouvoir et d'alignement sur la pensée dominante en vigueur, ou de distinction entre les hauts potentiels des bas potentiels (qui sont aussi présents et qui eux aussi contribuent aux résultats). La valeur ajoutée d’une université d’entreprise face à un service formation par exemple, c’est de jouer sur des processus plus variés que la formation traditionnelle (stage, séminaire) pour développer du business et des hommes : projet stratégique, mission spéciale, invention de nouveaux produits, création de charte, imagination de marché. Alors que la formation se concentre le plus souvent sur des objectifs de développement des compétences individuelles et collectives qui répondent à des besoins plus ciblés, l'université d'entreprise se fixe les futurs horizons d'affaires.
Parfois les entreprises utilisent les universités d’entreprise comme moyen de communication externe, pour séduire des candidats potentiels. Mais il n’est pas garanti qu’il y ait un impact sur leur envie de rejoindre l’entreprise. Il est vrai que dans la compétition pour recruter les meilleurs candidats l’université d’entreprise contribue à renforcer la marque employeur. Elle peut dès lors attirer des candidats de plus « grande qualité". Il y a environ une centaine d'université d’entreprise en France et plutôt dans des grandes entreprises. L'université d’entreprise contribue au branding-process elle vend la marque et son esprit en interne mais en face il y a aussi un personnal-branding. Donc les identités des entreprises et des individus se rencontrent. La communication d'une université d’entreprise peut être puissante quand il y a un vrai savoir-faire de transformation des organisations qui rayonne dans l'environnement. Il peut se dégager une force une maîtrise des situations et des transformations qui rejaillit sur l'entreprise. C'est une preuve de savoir-faire et d'excellence.
Indiscutablement une université d’entreprise est un facteur de compétitivité quand elle est une force de développement du business, de la culture et des équipes. Plusieurs études montrent le lien entre corporate culture et CA. Mais il est difficile de mesurer le type de performance dégagée. Pour évaluer la réussite d’une université d’entreprise, il faut mesurer avant tout les effets organisationnels, et savoir si l'entreprise est plus vivante, plus créative, plus apprenante. Comme c'est très qualitatif c'est difficile à étalonner avec certitude. La réputation est un indicateur, l'envie des collaborateurs de s’inscrire à un programme en est un autre. L’attirance montre qu'il se passe quelque chose. Szylar a développé une méthode pour mesurer le développement des organisations apprenantes
C’est parce qu’il y a contrainte de changement, ou effet de mode que les entreprises créent leurs universités. Aujourd’hui dans un futur plus ou moins proche les entreprises vont gagner en performance grâce à leurs universités. Les universités d’entreprises sont devenues des entités indispensables, à la condition qu'elle soit pensées en creuset des compétences collectives ou en matrice du futur qui donne réellement à chacun le plaisir de participer d'un récit commun et d'en écrire une page et pas seulement de participer à la gloire du créateur ou du dirigeant de l'entreprise.