Dans le champ foisonnant du
Knowledge Management, l'ouvrage de deux professeurs réputés apporte quelques éclairages sur les nombreuses théories mobilisables.
Le livre est organisé en 6 chapitres qui chacun fouille en profondeur les concepts et notions avancées.
Le chapitre sur le management de la connaissance introduit les termes de donnée, d'information, de compétence et de connaissance et assure une distinction entre eux, tout en remarquant le foisonnement voire l'inflation de définitions. Dés ce chapitre le lecteur perçoit que chercher à manager des connaissances est chose difficile tant la polysémie des concepts est élevée.
Le chapitre sur la gestion des connaissances présente l'historique de la gestion stratégique de la connaissance. La connaissance est présentée comme un avantage concurrentiel, ou comme projet d'harmonie organisationnelle face à l'ambigüité. Un panorama des systèmes de gestion de la connaissance est alors effectué allant des systèmes technologiques le plus souvent informatiques aux systèmes socio-techniques.
Les théories de l'apprentissage organisationnel de Senge, de Weick, de Schön, de Nonaka et Takeuchi sont reprises à cette occasion et resituer historiquement ou culturellement, en particulier pour les travaux japonais et la dualité savoirs tacites et savoirs explicites.
Le chapitre de l'organisation apprenante aux communautés de pratique montre comment les enjeux se mettent en place, comment l'organisation matricielle et les réseaux de connaissances transforment les relations inter-groupes. Des liens sont opérés entre les réseaux électroniques, et les communautés de pratiques. Ces dernières sont qualifiées d'entités créatrices et apprenantes. Plusieurs illustrations de la force des liens faibles sont proposées comme les clusters ou la communauté française se formant en véritable réseau d'entraide au sein de la sillicon valley.
Les enjeux socio-économique de la société de la connaissance sont énoncés. Il est montré comment le pouvoir des travailleurs du savoir s'installait au sein des organisation et rendait impuissant les formes traditionnelles de management. La création d'une sociologie des professions intellectuelles est esquissée, de même que le rôle et le fonctionnement des sociétés de conseil. Les enjeux sont enfin exposés au niveau de la compétition entre les nations et l'exemple de la stratégie américaine d'attirer les meilleurs talents est donnée en exemple.
Les institutions économiques de la société de la connaissance sont présentées. Le rôle de la connaissance dans le marché du travail est reprécisé, de même que celui des institutions éducatives. Une critique est formulée à l'encontre des écoles de gestion qui contribuent à reproduire les élites de la société de la connaissance.
Le dernier chapitre ouvre sur la conclusion qui pointe la nécessité de réduire les inégalités sociales et montre toute la difficulté de l'objectif quand ces inégalités sont liés à la détention d'un capital intellectuel. Voici un ouvrage excellent et hautement recommandable à lire sans modération.