Cet ouvrage collectif est le fruit d’une coopération franco-québécoise. L’ambition est d’interroger la fonction de dirigeant et de ses pratiques. L’ouvrage adopte la perspective du sujet humain mobilisant son intelligence au sein d’organisations apprenantes. Il dépoussière se faisant la vision classique de recherche visant l’optimisation de la performance et de la satisfaction au travail. Il s’inscrit dans une critique de la raison managériale. Quatre grandes parties articulent les propositions des 30 contributeurs. La première partie essaye de cerner la responsabilité des dirigeants. C’est ainsi que les exigences d’une gestion responsable s’impose à un moment ou régresse l’humanité dans les organisations. La responsabilité d’une dirigeance est un vecteur de la construction identitaire des personnes. L’entreprise en tant qu’institution est aussi envisagée dans sa capacité à offrir de la reconnaissance. Dans le même temps, dans l’économie du savoir, les nouvelles dirigeances s’intéressent de plus en plus à la mise en place d’organisations apprenantes. Enfin, la responsabilité sociale et l’éthique s’impose. La deuxième partie aborde le management et le leadership par temps de crise. Un des premiers constats posé est la nécessité de dépasser la classique vision de l’acteur pour intégrer celle du sujet mieux à même de mobiliser les dimensions humaines oubliées. De nouvelles pratiques de gestion habilitantes favorisant accomplissement, dominance, autonomie, affiliation sont présentées. La vision traditionnelle du leadership vertical est contestée par la notion émergente de leadership partagé. L’intelligence émotionnelle, le leadership transformationnel, la passion envers le travail sont des ingrédients d’accompagnement des changements à piloter. Les différences avec le leadership féminin telles que, la force de caractère des femmes et leurs compétences professionnelles sont spécifiquement soulignées. La troisième partie « gérer les personnes en milieu de travail : quels rôles pour les dirigeants ? » montre les ambigüités de rôles en particulier pour les DRH. Une critique en règle est dressée sur le rôle stratégique des RH dépendant plus des acteurs individuels que d’un positionnement de la fonction RH. La difficulté de l’impartialité et de l’équité est soulignée. Le style du dirigeant dans une gestion de qualité est aussi interrogé. En effet, le constat est fait de son impact sur le comportement de l’entreprise face au changement. La quatrième et dernière partie traite de la gestion des personnes en milieu de travail et du rôle des dirigeants. L’exemple de l’économie sociale et solidaire proposé montre des similitudes avec le reste de l’économie. La figure du manager militant se dégage néanmoins. En conclusion, cet ouvrage poursuit et précise le constat de l’inanité de l’idée du manager froid rationnel, rigoureux et tout puissant. Il cherche des issues à une réalité complexe, non maîtrisable, culturellement déterminé, sujette aux effets de modes. Les auteurs proposent une conclusion audacieuse consistant en 4 points. Le premier point consiste à dé-psychologiser le management. Le manager est appelé à mobiliser des valeurs et des subjectivités à l’aide de technique de leadership. Le deuxième point ose la question de savoir si le manager ne serait finalement pas à situer dans un rapport d’utilité. Il serait appelé à s’investir dans le travail de ses collaborateurs et pas seulement dans sa mesure. Le troisième point postule d’une re-rationalisation du management et d’un effort de problématisation et d’interrogation. Le quatrième point s’intéresse aux conditions d’exercice du travail de manager. Leur santé morale, physique et mentale est devenue un enjeu.