Eric Morel se présente comme coach, sportif de haut niveau, ancien dirigeant et professeur à l’école de management de Grenoble. Son ouvrage ambitionne de donner des clés aux lecteurs pour mieux diriger. Il s’inscrit dans une veine de l’apprentissage du leadership. Peut-être une nouvelle mode ? Il justifie son propos par la complexité de situations que doivent gérer les managers. La thèse défendue repose sur l’idée que les managers, appelés à être des leaders, doivent améliorer leur équilibre intérieur. L’ouvrage s’affirme comme un moyen de révéler des talents cachés. Quatre parties soutiennent la démonstration. La première partie se développe autour de l’idée de mieux diriger aujourd’hui. Elle part de la définition du leader de Peter Drucker qui remarque que « la seule définition du leader c’est celui qui a des suiveurs ». Or, à suivre l’auteur nous vivons dans un monde insensé et les suiveurs ont besoin de sens. Il assène « le sens est éclairant et la perte de sens aveuglante » pour signifier l’urgence des leaders de s’engager dans le changement sans crainte de traverser des crises. Une telle attitude plaide pour une continuité dans le développement d’un talent tout au long d’un processus long et progressif de développement. La deuxième partie promet sans ambages que devenir un grand leader c’est possible. Tout serait affaire de « savoir-être ». Les composantes rationnelles, émotionnelles, intuitives humanistes et intérieures de l’intelligence n’attendraient qu’â être révélées. La troisième partie plus pratique pose les bases d’une méthode pour se développer et développer ses qualités de leader. Il s’agit ici de donner un sens à sa vie, de se forger des convictions et des valeurs, de développer estime et confiance en soi. L’auteur nous guide dans un ensemble de questions sur soi les autres, ses projets, les représentations de l’entreprise, ses peurs à l’aide de nombreux exercices. Enfin dans une quatrième partie, le team-building vecteur d’un leadership efficace est explicité. Il est même qualifié « d’engrais du leadership ». Les liens entre team-building et leadership apparaissent même comme le moteur d’une dynamique d’empowerment. Si l’ouvrage cède parfois à la tentation de méthodes, modèles et d’approches déjà connues, il donne néanmoins à découvrir une synthèse singulière et originale de l’auteur qui garde constamment en tête le souci éthique. L’introduction de cette rubrique posait la question de la mode du leadership. Il s’agit de noter avec l’auteur l’importance des questions sous-jacentes à l’éclosion des dirigeants. En effet, l’autorité des dirigeants n’est plus si assurée, voire même, elle est contestée. On pense aux troubles engendrés par une mauvaise décision. Celle de Carlos Ghosn de limoger des cadres de confiance dans une sombre affaire d’espionnage en fournit un exemple. L’image du patron de droit divin s’étiolant, il s’agit donc bien d’apprendre à diriger et de retrouver un peu d’humilité qu’un peu plus d’écoute des équipes peut certainement apporter.